Iceman (2017) de Felix Randau
Au vu du titre, précisons qu'il ne faut pas confondre avec des films comme "Iceman" (1984) de Fred Schepisi, "The Iceman" (2013) de Ariel Vromen ou "Iceman" (2014) de Law Wing-Cheung. Cette production allemande reprend une thématique qu'en France on résumerait à la comédie culte "Hibernatus" (1969) de Edouard Molinaro avec Louis De Funès. Mais depuis, l'archéologie a fait encore des découvertes et la désastreuse fonte des glaces permet des découvertes assez inouïes. Ainsi le film est inspiré d'une momie naturelle retrouvée en 1991 dans les glaces des Alpes de l'Ötzal nommée Ötzi, (Tout savoir ICI !). La science a permis d'en apprendre beaucoup sur ce "mort", à tel point que le cinéaste a pu s'inspirer des découvertes et donc imaginer ce qu'avait pu être la vie de cet homme dans les derniers jours de son existence. Le film est réalisé et écrit par le cinéaste allemand Felix Randau auquel on doit deux premiers longs, "Northern Star" (2003) et "Coup de Fil" (2007), et connu surtout outre-Rhin notamment pour la série TV "Eden" (2019)...
Il y a 5300 ans, Kelab, chef d'une petite communauté part à la chasse. Mais durant son périple, il sent une odeur de brûlé, soupçonnant un drame il revient vers son village mais il arrive trop tard bien qu'il aperçoit au loin trois individus quitter le village. Tout a été brûlé, tout son clan a été décimé ainsi que son épouse mais retrouve son bébé. Il décide de retrouver les tueurs et prend la route avec son bébé qu'il nourrit comme il peut grâce à une chèvre. Mais cette quête vengeresse est longue et dangereuse... Kelab/Ötzil est incarné par Jürgen Vogel vu notamment dans les films "Goodbye Lenin !" (2003) de Wolfgang Becker, "Barefoot" (2005) de et avec Til Schweiger, "Le Libre Arbitre" (2008), "La Vague" (2009) de Dennis Gansel, "La Grâce" (2013) de Mathias Glasner. Il retrouve André Hennicke après "Le Libre Arbitre", ce dernier a joué aussi dans "Sophie Scholl" (2006) de Marc Rothemund, "La Comtesse" (2009) de et avec Julie Delpy, "A Dangerous Method" (2011) de David Cronenberg et "Victoria" (2015) de Sebastian Schipper. L'acteur principal retrouve aussi Axel Stein après "Barefoot" et vu aussi dans "Un Témoin pour Cible" (2015) de Til Schweiger également. Citons Susanne West vue dans "Carlos" (2010) de Olivier Assayas et "Sunset" (2019) de Laszlo Nemes, puis n'oublions pas la guest star, Franco Nero acteur culte du western spaghetti et surtout de "Django" (1966) de Sergio Corbucci qui revient pour un caméo aussi culte dans "Django Unchained" (2012) de Quentin Tarantino... Tout d'abord, très heureux de voir une histoire qui se déroule aussi loin dans le temps, à savoir environ entre la Préhistoire et l'Antiquité, à la toute fin du Néolithique. En effet, très peu de film se déroule plus loin que le temps des Pyramides égyptiennes. Si on regarde de plus près ce film se passe quelques temps avant l'invention de l'écriture (communément choisit comme fin de la Préhistoire et début de l'Antiquité), avec un récit d'aventure et même un côté Rape and Revenge. Pour résumé on est donc entre "La Guerre du Feu" (1981) de Jean-Jacques Annaud à "Apocalypto" (2007) de Mel Gibson mais avec une bonne dose de western façon "Les Collines de la Terreur" (1971) de Michael Winner et un parallèle évident avec "The Revenant" (2016) de Alejandro Gonzales Inarritu.
Le cinéaste a ténté d'être le plus réaliste possible, le plus fidèle possible à ce qu'aurait pu être la (fin de) vie de ce Kelab/Ötzil en reprenant toutes la documentation scientifique depuis la découverte de la "momie" mais aussi en usant de dialogues inspirés la langue réthique primitive ; langue éteinte du peuple Rhète qui vivait environ sur la région du Tyrol d'aujourd'hui, là où se situe justement Alpes de l'Ötzal. Le film débute avec un avertissement, sur le fait qu'on ne comprendra pas la langue (qui n'est pas sous-titrée) mais que ça n'empêche nullement la compréhension de l'histoire. Effectivement, il suffit de se rappeler que le même procédé avait déjà été osé avec par exemple "La Guerre du Feu". Un film qui ne prend donc pas le spectateur pour un débile profond ou un être inculte ou dénué d'un minimum de jugeotte, et même pas de voix Off assommante. Très bon point. Quant à la reconstitution historique on ne peut que saluer le travail effectué, sans esbroufe, très terre à terre mais de façon complètement crédible jusque dans les armes de Ôtzil, la taille de son arc et jusqu'à sa blessure qui lui sera fatale. Par contre, on ne peut qu'être déçu pourtant par les arcs en général, qui paraissent trop lisses, trop usinés pour des armes blanches néolithiques. Le plus intéressant est que le film replace l'individu dans tout ce qu'il a de plus primaire et primitif à une époque où le désir absolu est avant tout de procréer, animer naturellement par l'instinct de reproduction pour asseoir la survie de l'espèce. Par là même le récit s'attarde sur les premières sépultures et surtout sur la foi ou ce qu'on peut considérer comme les prémices avec la relique "Teneka". En extrapôlant on peut aussi se dire qu'avec pas grand chose, déjà à l'époque ce pas grand choses suffisait à un massacre de quelques individus et se dire qu'avec les milliers d'années jusqu'à aujourd'hui n'aurons toujours pas suffit à l'être humain pour comprendre, malheureusement. On peut par contre s'étonner d'une histoire dans une nature quasiment dénué d'animaux (outre les hommes !) ce qui est invraisemblable tant les hommes étaient forcément très minoritaires. Felix Randau signe un western survival naturaliste et préhistorique intelligent, prenant et très intéressant voir ludique. Un très bon moment à conseiller.
Note :