Shadow in the Cloud (2021) de Roseanne Liang

par Selenie  -  13 Mai 2021, 13:24  -  #Critiques de films

Ce projet est d'abord celui d'un certain Max Landis, fils de John Landis réalisateur des "The Blues Brothers" (1980-1998) et dernièrement de "Cadavres à la Pelle" (2010), fils qui s'est déjà fait un nom en tant que scénariste notamment sur "Chronicle" (2012) de Josh Trank, "Docteur Frankenstein" (2015) de Paul McGuigan ou "Bright" (2017) de David Ayer. Le scénariste a collaboré avec Roseanne Liang, réalisatrice-scénariste néo-zélandaise remarqué pour son premier long métrage "My Wedding and Other Secrets" (2011). Malheureusement, un scandale sur des accusations d'ordre sexuelle ont poussé Max Landis hors du projet. À la suite de cette affaire la cinéaste appuyée par son actrice star, a affirmé que le film n'avait plus rien à avoir avec le script de Landis. Ce dernier reste pourtant toujours crédité suite au règlement de la Writers Guil of America. Présenté au Festival de Toronto 2020 le film a remporté le People's Choice Award...

Seconde Guerre Mondiale, un bombardier s'apprête à décoller quand arrive soudainement une jeune femme qui se dit pilote embarque avec une lettre d'un officier. Dans ce monde très machiste les premiers contacts ne sont pas faciles surtout qu'elle insiste sur sa mission qui semble être de livrer une mallette au contenu secret. Après le décollage, alors qu'elle a été assigné au cockpit mitrailleuse particulièrement exigüe elle tente de faire comprendre à l'équipage qu'une créature mystérieuse est accrochée à la carlingue tandis que des avions ennemis semblent voler à proximité... L'héroïne est incarnée par la jeune star Chloë Grace Moretz habituée au fantastique de "Amityville" (2005) de Andrew Douglas à "Suspiria" (2018) de Luca Guadagnino en passant par les "Kick-Ass" (2010-2013) de Matthew Vaughn, "Dark Shadows" (2012) de Tim Burton ou encore "La 5ème Vague" (2016) de J BLakeson. Dans son équipage on peut citer le jeune Nick Robinson qui retrouve sa partenaire après "La 5ème Vague" et vu dans "Kong : Skull Island" (2017) de Jodan Vogt-Roberts et "Love, Simon" (2018) de Greg Berlanti, puis Callan Mulvey révélé en Drazic dans la série TV "Hartley Coer à Vif" (1996-1999) et depuis gueule badass remarqué notamment dans "Captain America, le Soldat de l'Hiver" (2014) et "Avengers : Endgame" (2019) des frères Russo. Moins connus, citons Taylor John Smith vu dans "Martyrs" (2015) des frères Goetz et "Hunter Killer" (2018) de Donovan Marsh, et enfin Beulah Koale aperçu dans la série TV "Hawaï Five-0" (2017-2019)... On ne s'y attend pas forcément mais le film placerait son curseur entre "Des Serpents dans l'Avion" (2006) de David R. Ellis et "Overlord" (2018) de Julius Avery. Mais surtout on remarque l'esthétique singulière du film qui n'est pas sans rappeler quelques BD de notre enfance comme "Buck Danny" ou "Tanguy et Laverdure", qui impose ainsi une ambiance old school assumée très sympa. Mais dans le même temps on tombe dans une caricature moins inspirée quant au rapport entre les membres de l'équipage. Alors oui les hommes sont machistes, peu enclin au romantisme, ils parlent cru... etc... mais rappelons aussi que c'est un univers masculin et viril surtout en pleine Guerre Mondiale. Par là même, on tique fortement sur l'héroïne ; en effet Chloé Grace Moretz manque un peu de crédibilité ("trop pouponne") mais surtout elle arrive pour embarquer de façon timide, presque dans un monde inconnu pour elle, timorée, alors qu'à priori elle est pilote et expérimentée ?! Le côté badass de son personnage apparaît à la fois trop brusquement et trop tard dans le récit.

Au début on s'interroge puisque sa mission est de ne pas quitter sa mallette, mais qu'elle lâche pourtant très vite pour la raison qu'elle n'a pas de place dans son cockpit ?! On constate que la mallette n'est pas si grosse, et surtout on est choqué plus tard qu'elle ait pu laisser hors de vue l'objet de sa mission. Pas très cohérent. Bref, le début n'est pas très prometteur. Mais la réalisatrice ose et offre une première partie de plus de 30mn avec son héroïne isolée dans son cockpit, face caméra et vue dans le vide aérien où on a droit aux voix Off des autres membres d'équipages qui restent hors champs tandis que l'action démarre. Mais ce parti pris, bien qu'ambitieux, est aussi casse-gueule. D'abord le rapport inter-équipage via la radio se résume (encore !) à des dialogues machistes primaires non constructifs, et qu'on ne comprend jamais pourquoi l'héroïne n'est pas plus "impérative" pour expliquer une situation pourtant loin d'être normale. On frise la crise de rire lors de deux sauvetages hors carlingue façon "Fast and Furious" de l'air, cet instant signant le début du n'importe quoi. Plus d'isolement, jeu de massacre, explosion, tire, mini-guerre façon "Predator" dans un avion hyper-démonstratif qui tente le délire façon série B de luxe. Malheureusement on rit pas pour les bonnes raisons ni aux bons endroits, la star monopolise l'écran et les autres membres s'avèrent juste des pions à peine exploités. On comprend le but car c'est expliqué, martelé à la pelle et à la truelle : le féminisme ! L'héroïne est badass et est bien meilleure que les hommes pauvres guerriers primitifs, et oui il existe des héroïnes dans l'Histoire et au cas où on ne le saurait pas le générique de fin enfoncera bien les clous. Un générique sympa et stylé par ailleurs mais beaucoup trop "sérieux" pour être en corrélation avec ce film auquel il manque un minimum de subtilité ou de finesse dans son propos, auquel il manque une héroïne plus crédible dans son évolution durant le récit, auquel il manque toute la partie maternelle nécessaire, auquel il manque un contexte 39-45 plus probant... Mais on aime la bestiole, on aime cet engin à la Memphis Belle, et on respecte l'audace derrière cette série B qui ne manque pas d'idées. Dommage... 

 

Note :            

 

08/20
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