Overlord (2018) de Julius Avery
Second long métrage du réalisateur après "Son of a Gun" (2015) avec Ewan McGregor. Cette fois le projet lui a été proposé par un producteur renommé, à savoir J.J. Abrams qui n'est autre que celui qui a ressuscité les sagas "Star Trek" (2009-2013-2016) et "Star Wars" (2015-2017-2019). Le projet est une idée de Billy Ray, scénariste connu de "Color of Night" (1994) de Richard Rush à "Aux Yeux de Tous" (2016) de lui-même en passant par "Hunger Games" (2012) de Gary Ross et "Capitaine Phillips" (2013) de Paul Greengrass. Le scénario est co-signé de Mark L. Smith scénariste de "The Hole" (2012) de Joe Dante et surtout de "The Revenant" (2016) de Alejandro Gonzales Inarritu... On suit un groupe de parachutistes embarqué pour le débarquement de Normandie. Leur mission est de neutraliser une base allemande dans un petit village mais ils vont également avoir la surprise que cette base est également un lieu où les nazis effectuent des expériences... Le film de nazis zombies est un sous-genre en soi, et ce film part d'une idée éculée qui a déjà été tentée ; pêle-mêle on peut citer "The Frozen Dead" (1966) de Herbert J. Leder, "Le Lac des Morts-Vivants" (1981) de Jean Rollin, "Outpost" (2008) de Steve Barker, "Dead Snow" (2009) de Tommy Wirkola et "War of the Dead" (2011) de Marko Makkilaakso...
Si la plupart de ces films assument un côté humour noir ce film de Julius Avery joue la carte épouvante à fond, un risque mais avec un tel producteur derrière on peut espérer... Au casting pas de méga star mais des acteurs solides avec Jovan Adepo révélé par "Fences" (2017) de et avec Denzel Washington, Wyatt Russell (fils de Kurt mais ayant une ressemblance avec Jason Clarke) vu dans "Cold in July" (2014) de Jim Mickle et "Shimmer Lake" (2017) de Oren Uziel, puis Pilou Asbaek vu, ironie du sort, dans "Hijacking" (2013) de Tobias Lindholm qui parle du même sujet que "Capitaine Phillips" et vu dernièrement dans "Ghost in the Shell" (2017) de Rupert Sanders, et enfin, une frenchy inconnue, une certaine Mathilde Ollivier qui a été remarqué spécialement par J.J. Abrams lors des auditions... Révélation qu'on reverra bientôt notamment dans "Boss Level" (2019) de Joe Carnahan avec Mel Gibson et Naomi Watts. Une jeune actrice à surveiller de près !... Ces acteurs ont été entrainé plusieurs semaines par Joe Farnsworth, ancien marine devenu consultant notamment sur la série TV "Band of Brothers" (2001). Le film débute fort, déjà dans l'avion les parachutistes essuient un déluge de feux avant de sauter dans le vide. Ce début est d'une violence qui annonce la suite, c'est la guerre est sale et ça ne va pas s'arranger ! Si le rythme est toujours soutenu le cinéaste évite pourtant d'y aller à fond, il pose l'équipe et jalonne la mission. La première partie est ainsi hors gore, à priori on est bel et bien dans une sorte de mission de sabotage classique, avec un groupe de soldats, une planque, une jolie française et sa famille, des allemands partout jusqu'à cet élément déclencheur qui va accélérer la mission et l'action. Julius Avery évite toute légèreté, pas une once d'humour même noir dans ce film qui joue l'horreur du début à la fin à l'exception notable de quelques 2-3 séquences émotion plutôt économes. La première partie est juste le drame de la guerre, où même un "gentil" peut devenir un monstre.
Après l'élément qui annonce le début effectif de la mission on genre de registre, on tombe dans la mission suicide où l'ennemi est "différent". Le film change de genre, du film de guerre on se retrouve dans un survival dans un blockhaus géant. Les décors sont réussis sans être franchement innovants. Les costumes idem, on pourrait même par ci par là des erreurs historiques concernant les uniformes ; par là même on peut rappeler qu'il n'y a pas eu de soldats noirs parachutistes, ségrégation oblige ces derniers avaient le privilège de la première ligne d'infanterie. Mais comme le dit si bien Julius Avery, les zombies n'existent pas alors pourquoi pas !... L'histoire en elle-même n'est ni créative ni nouvelle, le scénario n'est en rien d'une originalité folle néanmoins il est parfaitement construit et d'une réelle efficacité. Le réalisateur assure ensuite une mise en scène à la mesure de l'enjeu, musclée tout en laissant les acteurs faire montre de leur talent dont l'excellente Mathilde Ollivier et le jeune Gianny Taufer qui joue le jeune Paul qui est un gamin d'une justesse inouïe. Par contre il aurait été judicieux d'offrir un peu plus de suspens et/ou de frisson. Niveau expériences nazies on aurait aimé un chouïa moins SF, "Alien" c'est quelques centaines d'années plus tard ! D'ailleurs, on constatera bons nombres de références notamment aux films de guerre que le réalisateur a su digérer. Sans chipoter, ce film est un vrai bon moment de cinéma décérébré, et dans le genre "zombies nazis" on a sans doute pas encore fait mieux à défaut d'être un réel must.
Note :