Bright (2018) de David Ayer.
Nouvelle production Netflix qui se permet encore de s'imposer face au grand écran avec un cinéma efficace. Cette fois Netflix s'offre les services d'une équipe habituée au genre avec cet action movie qui se veut original en mêlant polar d'action et heroïc fantasy ou comment on nous invite dans un monde contemporain alternatif où humains, orcs, nains et elfes vivent ensemble sur Terre et composent ainsi une nouvelle remise en jeu des cartes raciales. Le projet est scénarisé par Max Landis auquel on doit "Chronicle" (2012) de Josh Trank, "Docteur Frankenstein" (2015) de Paul McGuigan et "American Ultra" (2015) de Nima Nourizadeh. La mise en scène est signée David Ayer, un réalisateur particulièrement bon et inspiré par les polars "Bad Times" (2005) à "End of Watch" (2012) mais aussi en virant pour le film de guerre avec "Fury" (2014) et l'univers DC Comics avec "Suicide Squads" (2016)...
Après ce dernier film qui a laissé des avis partagés, le cinéaste retrouve sa star Will Smith (pas loin d'être has been depuis quelques temps) pour un autre film fantastique. Pour ce buddy movie qui doit rappeler à Will Smith un petit peu de "Men in Black" (1997) de Barry Sonnenfeld, son coéquipier orc est incarné par Joel Edgerton vu cette année dans "Loving" (2017) de Jeff Nichols et "It Comes at Night" (2017) de Trey Edward Shults tandis que la méchante sorcière est interprétée par Noomi Rapace qui continue dans le musclé après "Conspiracy" (2017) de Michael Apted et surtout "Seven Sisters" (2017) de Tommy Wirkola... Effectivement, l'idée de base, si elle n'est pas exceptionnellement originale, mérite de créer un nouveau monde avec des paramètres qui ont le mérite du mélange des genres. Dans "Bright" donc, il n'y a plus de problèmes entre noir, blanc, rouge beurs etc... mais entre humains, orcs, nains, fées, elfes... avec des différences largement plus profondes et des pouvoirs associés qui laissent présager des luttes d'autant plus féroces. Malheureusement cette idée de base aurait dû reposer sur un socle solide, ce socle est bancal et sclérosé dès le postulat de départ. Au bout de 10mn on comprend que la production (le cinéaste ?! Le scénariste ?!) se fout pas mal de l'univers ainsi décrit. D'abord on a droit à autant de clichés que dans un drame raciste, les orcs sont des rebelles délinquants et criminels, les elfes sont les fashion victims leaders du monde, les humains dans un entre deux genre moutons bien élevés. Ensuite l'intrigue repose sur une trame éculée qui n'approfondit rien sur les différentes communautés et qui a déjà été vue mille fois dans n'importe quel polar qui sort chaque année.
Le tout est symbolisé par un duo de flics digne du buddy movie blanc-black avec références douteuses sur les origines et des dialogues insipides. Pourquoi inventer un monde alternatif avec de nouveaux enjeux (ou du moins avec des nouveaux paramètres fantastiques) si c'est pour un faire un polar buddy movie classique ?! On est également déçu par le maquillage et certains effets spéciaux, en premier lieu les orcs dont le maquillage est aussi laid que peu réaliste. Rien ne ressemble plus à un orc qu'un autre orc, dont le visage peu expressif a dû être botoxisé en prime. Que reste-t-il ?! Ni plus ni moins qu'un polar basique mais efficace pour son genre grâce à de l'action rythmée qui ne laisse que peu de place à l'ennui. C'est peu, puisqu'avec de tels moyens on aurait dû avoir droit à un film bien plus ambitieux et audacieux, bien plus profond et plus impressionnant que ce soit dans la forme ou le fond. Bref, tout ça pour ça...
Note :