Dune (2021) de Denis Villeneuve
Nouvelle adaptation du roman culte de science-fiction le plus vendu au monde, écrit par Frank Herbert et publié en 1970 en France. Son histoire complexe a fasciné, plusieurs projets pour finalement se concrétiser par deux séries et un film réalisé par David Lynch sorti en 1984 qui fut un échec cuisant pour une réalisation loin de l'univers du roman condensant trop d'information sans explication pour ceux qui ne connaissent pas l'œuvre littéraire.
Le ton est donné dès l'affiche, plus de deux heures de film pour s'attaque cette fois qu'à la première partie du roman. Ecriture à 6 mains dont celles du réalisateur Denis Villeneuve connu pour des films tels que "Sicario" ou "Blade Runner 2049".
Prise dans une machination politique, la maison Atréides est envoyée en 10191 par l'empereur sur la planète Arrakis - après un règne de 80 ans de la maison rivale Harkonnen - afin de récolter la matière la plus précieuse : l'épice. Le jeune Paul, fils du duc Leto Atréides et de la Bene Gesserit Dame Jessica, doué de dons extraordinaires, va être confronté à un destin hors du commun, le menant au cœur du désert dans le domaine du peuple autochtone, les Frémens.
Le film est construit en deux temps, le temps des rêves du jeune Paul le conduisant dans un avenir incertain et pourtant déjà en partie tracé et le temps d'une réalité sombre où la maison de son père est conduite vers la mort, où Paul héritier de la lignée devra mener les Atréides dans une autre voie.
Beaucoup plus proche de l'univers du roman que le film kitch de Lynch, le film de Villeneuve tend un fil avec notre monde actuel tout en ajoutant la technologie futuriste. Dune est construit de façon lente enchaînant les plans comme des séquences les unes à la suite des autres avec un fil conducteur un peu forcé. Le film manque de fluidité - surtout en première partie où la découpe est assez hachée - et de cohérence entre les dialogues et la réalité filmée : une maison avec une force armée incroyable et pourtant défaite en moins de 5 minutes, l'acte du traitre et sa facilité ne sont pas réellement expliquée, plus un ou deux faux raccords.
Décors, costumes et lumières tendent tous à nous amener dans un monde qui nous est inconnu, avec des contrastes forts avec le monde habité et le désert, entre les différents peuples ou statut, les chauves et brutes harkonnens sous le joug du baron (dont on ne sait pas dans la première partie la raison de sa différence), les combattants atréides sous la voix écoutée dans tout l'imperium du duc Léto et les vêtements couleur sable, le teint halé pour faire ressortir les yeux bleus des Frémen. La musique quand elle est utilisée pour créer une ambiance d'épopée avec des moments très forts ou tambours et binious sont censés marquer la puissance de l'armée atréides. La photographie est sublime, chaque plan est étudié comme une découverte panoramique de l'univers en incluant un peu plus le monde des frémens.
D'un point de vue performance des acteurs, on n'a pas de fausses notes, tous les personnages sont extrêmement travaillés à l'instar du livre, par contre on peut se poser la question de la crédibilité de Timothée Chalamet/Paul qui du haut de ses 25 ans, incarne un jeune de 15 ans et on n'a pas ce ressenti d'adolescent qui va grandir au fur et à mesure du déroulé de l'action, un vrai challenge pour le film suivant, de faire murir, grandir cet acteur dans son rôle. Chani/Zendeya, est loin de la description du roman tout comme Liet Kynes, l'arbitre du changement sur Arrakis, homme et père de Chani dans l'œuvre littéraire est devenue une femme dans le film.
Véritable introduction pour la suite, il y a de véritables attentes : amener plus d'action, plus de rythme, le développement de certains personnages, casser la partie vision trop insistante (pour montrer que Paul est déjà dans la roue du destin), donner plus de corps aux combats qui sont balayés trop vite et sans panache dans cette partie etc... Le film reste néanmoins très bon et beaucoup plus proche de l'univers du roman culte mais la note mise peut évoluer.
Note :