Après la Vie (2003) de Lucas Belvaux

Voici le 3ème film qui clôt la trilogie de Lucas Belvaux après "Un Couple Epatant" (2003) et "Cavale" (2003). Un projet de longue date du réalisateur-scénariste dont l'idée date de ses premiers films comme il l'explique : "Quand j'ai tourné les scènes de Parfois trop d'amour avec les personnages secondaires (le cycliste ou le groupe de vieux), je me suis dit que je pourrais faire un film se déroulant sur les mêmes 24 heures, mais qui serait les 24 heures du cycliste ou du groupe de vieux, on ne ferait que croiser les personnages princpaux qui deviendraient secondaires... Partant de là, j'ai commencé à établir une théorie sur les personnages secondaires selon laquelle chaque personnage secondaire est le personnage principal d'un film à faire (...). Après, l'idée est revenue de façon récurrente... J'ai terminé le scénario de Pour Rire ! et comme je me doutais bien qu'on mettrait du temps à trouver l'argent, j'ai immédiatement, du jour au lendemain, pendant que j'étais chaud, attaqué le scénario des trois films." Résultat, le réalisateur-scénariste a tourné en simultanée trois films, la comédie "Un Couple Epatant", le thriller "Cavale" et le mélo "Après la Vie" qui se déroule donc sur un même secteur géograhique, sur un même laps de temps, et avec les mêmes personnages qui se rencontrent, se croisent, s'entrecroisent avec une importance qui évolue vis à vis des films respectifs. Un concept aussi audacieux que complexe qui pose la question du tournage à proprement parlé, Lucas Belvaux explique : "On arrivait sur un décor, on tournait la séquence pour le film A, puis la même séquence découpée différemment pour le film B, puis pour le film C. Pour les séquences longues et assez découpées, avec les répétitions et quinze prises par plan pour chaque film, c'était assez lourd..." Sir les trois titres forment une phrase qui indique l'ordre des films ce n'est pas un ordre chronologique puisqu'ils se déroulent sur un même laps de temps, il est donc tout à fait possible de voir les films dans n'importe quel ordre. Néanmoins, l'ordre est conseillé par Lucas Belvaux car "Un Couple Epatant" présente selon lui "les personnages sans anticiper sur ce qui va se passer dans les deux autres films." Les trois films forment une trilogie qui remporte le Prix Louis-Delluc... 

Pascal Manise est un flic ripoux qui traite avec un caïd qui le fournit en morphine pour Agnès son épouse toxico. Le couple ne sort jamais ensemble et ne côtoie pas les mêmes cercles jusqu'au jour où Agnès lui présente Cécile qui a un problème avec son mari Alain. Durant l'enquête qu'il mène sur ce dernier Pascal tombe amoureux de Cécile... Ce troisième film a la particularité de réunir tous les personnages de la trilogie, On retrouve le couple incarné par Ornella Muti vue dans "Un Amour de Swann" (1984) de Volker Schlöndorff, "Chronique d'une Mort Annoncée" (1987) de Francesco Rosi ou "Jet Set" (2000) de Fabien Onteniente puis François Morel vu dans "Que la Lumière Soit !" (1998) de Arthur Joffé et "Ah ! Si j'étais Riche" (2002) de Michel Munz et Gérard Bitton, ainsi que le second couple joué par Dominique Blanc vue notamment dans "La Reine Margot" (1994) et "Ceux qui m'aiment prendront le Train" (1998) tous deux de Patrice Chéreau, puis Gilbert Melki révélé par les comédies "La Vérité si je Mens !" (1997-2001) de Thomas Gilou. On retrouve aussi Valérie Mairesse vue dans "L'Une Chante, l'Autre Pas" (1977) de Agnès Varda, "Le Sacrifice" (1985) de Andreï Tarkovski et "Un Crime au Paradis" (2000) de Jean Becker, Catherine Frot vue dans "Un Air de Famille" (1996) de Cédric Klapisch, "Dîner de Cons" (1998) de Francis Veber et "Chaos" (2001) de Coline Serreau, Patrick Depeyrat vu dans "Vive la Vie" (1984) de Claude Lelouch et "Tenue Correcte Exigée" (1997) de Philippe Lioret, Raphaële Godin vue dans "Les Savates du Bon Dieu" (2000) et "Les Anges Exterminateurs" (2006) tous deux de Jean-Claude Brisseau, Lucas Belvaux lui-même vu devant la caméra d'autres réalisateurs "La Femme Publique" (1984) de Andrzej Zulawski et "Madame Bovary" (1991) de Claude Chabrol. Puis enfin citons les acteurs Alexis Tomassian vu dans "Génial, mes Parents divorcent !" (1991) et "Amour et Confusions" (1997) tous deux de Patrick Braoudé, Patrick Descamps qui va devenir un acteur fétiche de Lucas Belvaux pour ses films suivants et vu également dans la série TV "Un Village Français" (2009-2017), Jean-Henri Roger vu dans "L'Affaire Marcorelle" (2000) de Serge Le Péron et "Eloge de l'Amour" (2001) de Jean-Luc Godard, Thomas Badek acteur fétiche de Jean-Claude Biette avec "Le Champignon des Carpathes" (1990), "Chasse Gardée" (1993), "Le Complexe de Toulon" (1996) et "Trois Ponts sur la Rivière" (1999), puis enfin Bourlem Guerdjou connu comme réalisateur entre autre de "Vivre au Paradis" (1998) ou "Zaïna, Cavalière de l'Atlas" (2005)...   

Ce troisième film clôt la trilogie de Lucas Belvaux et sert logiquement de conclusion en se focalisant sur un troisième couple, celui du flic/Melki et de la junkie/Blanc qu'on a déjà beaucoup vu ou aperçu dans les deux opus précédent. Le soucis premier est qu'ayant déjà vu deux films on est déjà en possession de la plupart des infos et des intrigues qui se croisent et s'entrecroisent. Une grande partie des scènes sont donc déjà vues et connues, même si l'angle peut être différent. On s'attend donc surtout à savoir ce qui se passe pour eux dans les interstices des récits. Malheureusement on apprend pas grand chose, on constate que les deux premiers films nous montrait assez d'infos, assez de scènes avec ces deux personnages pour deviner le reste, à l'exception sans doute de l'implication du "mafieux".  On reste encore dubitatif sur quelques détails grossiers et/ou caricaturaux (surtout sur le policier ou la police), avec des passages pas très compréhensibles comme la gifle que la maman donne au flic ou le flic et sa réaction finale après la décision de son épouse, sans compter sur les incroyables coïncidences qui permettent de relier les personnages.  Par contre on aime pourtant toujours autant l'expérience de cette trilogie montée-démontée autour de plusieurs personnages, en recollant les éléments et segments des récits pour suivre des pans de vie. Surtout on aime le duo d'acteurs, Melki-Blanc qui sont excellents, impliqués (plus que François Morel entre autre) avec des personnages plus intéressants que les autres. Le film clôt surtout une trilogie expérimentale où l'intérêt reste le travail autour du montage et du scénario. Le reste est plutôt bancal ou assez convenu. 

Note :