Les Espions de l'Aube (2023) de Zhang Yimou

Nouveau film de celui qui reste sans doute l'un des plus grands réalisateurs chinois avec plusieurs grands films et autres chefs d'oeuvres comme "Epouses et Concubines" (1991), "Qiu Ju une Femme Chinoise" (1992), "Hero" (2002), "La Cité Interdite" (2007) ou plus récemment "Shadow" (2018). Avec ce dernier film Zhang Yimou aborde un sous-genre très chinois, le film de guerre historique à la gloire de la propagande communiste très en vogue depuis quelques temps comme le récent "La Brigade de Shandong" (2023) de Yang Feng. Le scénario est signé du méconnu Yongxian Quan dont on ne connaît que son travail sur la série TV "Xuan Ya" (2012)... Début des années 30, état du Manchukuo, le Japon a envahi la Chine au moment où le pays vire en guerre civile entre nationaliste et communiste. Quatre agents du parti communiste formés en Union Soviétique reviennent pour une mission secrète sous le nom de code Utrennya. Mais leur mission est éventée par un traître, ils se retrouvent pris au piège alors que les services japonais organisent le piège final...

Au casting on retrouve des acteurs connus, mais aussi et d'abord Yu Hewei un acteur déjà expérimenté mais souvent abonné aux seconds rôles jusqu'au succès de "I am Not Madame Bovary" (2017) de Xiaogang Feng après lequel il retrouve son partenaire Zhang Yi qui retrouve son réalisateur de "Ju Dou" (1990) et "Hero" (2002), vu ensuite dans "Au-Delà des Montagnes" (2015) et "Les Eternels" (2019) tous deux de Jia Zhangke, citons ensuite le jolie Liu Haocun vue dans "Une Petite Fleur Rouge" (2020) de han Yan et retrouve Zhang Yimou après "One Second" (2020), Hailu Qin vue "The Crossing" (2014) de John Woo ou "Red Amnesia" (2016) de Wang Xiaoshuai, Zhu Yawen vu dans "Mystery" (2013) de Lou Ye ou "The Witness" (2015) de Ahn Sang-Hoon, Naiwen Li vu entre autre dans "Héros de Guerre" (2008) de Jingchu Zhang et "Memory of Love" (2009) de Wang Chao, Dahong Ni qui retrouve le réalisateur après "La Cité Interdite" (2007) et vu ensuite dans "The Assassins" (2014) de Zhao Linshan et "The Assassin" (2016) de Hou Hsiao-Hsien, Ailei Yu vu dans "Les Seigneurs de la Guerre" (2007) de Peter Ho-Sun Chan et Wai Man Yip puis "Black Coal" (2014) de Diao Yinan, Jiayin Lei remarqué dans "The Wandering Earth" (2020) de Frant Gwo, et enfin Zhang Hanyu qui retrouve Zhang Yimou après  "La Grande Muraille" (2016) de Zhang Yimou tourné entre "La Bataille de la Montagne du Tigre" (2014) de Tsui Hark et "Manhunt" (2017) de John Woo... Le film a de nombreux points communs avec d'autres oeuvres du même genre, avec le tout récent "La Brigade de Shandong" (2023) forcément. On devine un cahier des charges plus ou moins imposés par des institutions officielles communistes, à savoir sur le fond insister sur le courage des héros communistes, occulter les nationalistes, montrer uniquement les atrocités des japonais, sur la forme rester moderne en reprenant notamment des paramètres issus des westerns spaghettis avec les costumes, les revolvers et même la musique.

On n'est pas dans le film de guerre pur, plutôt dans le film d'espionnage avec un scénario particulièrement alambiqué et complexe d'autant plus si on est néophyte sur l'Histoire géo-politique chinoise en 1931. Le début du film reste particulièrement compliqué et flou, rien ne nous permet réellement et rapidement de savoir qui est qui, il faut un certain temps avant de déceler les différentes parties ce qui reste un peu frustrant. Par là même la mission secrète finit par importer peu, comme un Whodunit cher à Hitchcock, mais de façon plus floue. Les méandres du scénario se font très brumeux même si on finit par tout démêler à la fin. Sinon, le film est rythmé, les acteurs solides, les tensions palpables, des scènes d'action très efficaces, la reconstitution historique est un peu figée, on s'étonne du côté "urbain" avec entre autre une effervescence routière plutôt inattendue, et on remarque la même omniprésence de la neige que dans  "La Brigade de Shandong" (2023). La propagande communiste est aussi omniprésente, lourde et poussive ce qui reste problématique quand on veut reprendre un pan d'Histoire où les Nationalistes se battaient. En résumé, peut-être le film le moins personnel de Zhang Yimou, le moins intéressant même si il reste assez prenant pour un simple divertissement du soir.

Note :