Magnificat (2023) de Virginie Sauveur

par Selenie  -  29 Juin 2023, 07:26  -  #Critiques de films

A ne pas confondre avec le film homonyme "Magnificat" (1993) de Pupi Avati... Ce projet d'adaptation du roman "Des Femmes en Noir" (2017) de Anne-Isabelle Lacassagne est d'abord une idée des producteurs Joccely Bossennec et surtout Bruno Levy, ce dernier étant connu pour être derrière les films de Cédric Klapisch depuis "L'Auberge Espagnole" (2002) et ceux de la réalisatrice Mélanie Laurent. Ce sont eux qui propose le film à Virginie Sauveur, réalisatrice des courts métrages "Sevrage" (1999) et "Alice ou le Cul des Autres" (2003) mais qui a travaillé ensuite pour la télévision en signant notamment des saisons pour les séries TV "Engrenages" (2012), "Kaboul Kitchen" (2016) ou "Les Rivières Pourpres" (2020). La réalisatrice-scénariste a accepté à condition d'être épaulée par un co-scénariste qui sera Nicolas Silhol, réalisateur de "Corporate" (2017) et scénariste également pour "Les Eblouis" (2019) de Sarah Suco et "Sentinelle Sud" (2022) de Mathieu Gerault. Le titre (on prononce le "t" final car ça reste du latin) est en référence à un texte de l'Evangile selon Luc dans le Nouveau Testament, connu aussi sous les termes de Cantique de Marie ou Cantique de la Vierge... A la mort d'un prêtre, la chancelière du diocèse découvre abasourdie que le prêtre était en fait une femme ! Contre l'avis de son évêque qui souhaite tout simplement étouffer l'affaire, elle décide de mener l'enquête et comprendre comment cela a pu se produire sur autant d'années...

La chancelière du diocèse est incarnée par Karin Viard vu  dernièrement dans "Sage-Homme" (2023) de Jennifer Devoldère ou "Wahou !" (2023) de et avec Bruno Podalydès. Son évêque est joué par François Berléand vu dans "Champagne !" (2022) de Nicolas Vanier ou "La Très Très Grande Classe" (2023) de Frédéric Quiring. Citons ensuite Maxime Bergeron remarqué dans la série TV "ASKIP - le Collège se la raconte" (2020) et qui retrouve Karin Viard après "Les Fantasmes" (2020) des frères Foenkinos, Nicolas Cazalé vu dans "Filles de Joie" (2020) de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich et "Overdose" (2022) de Olivier Marchal, Patrick Catalifo vu au cinéma depuis 2011 uniquement dans deux films, "Carbone" (2017) et "Bronx" (2020) tous deux de Olivier Marchal, Anaïde Rozam aperçue dans "Les Olympiades" (2021) de Jacques Audiard, "Les Méchants" (2021) de Mouloud Achour et Dominique Baumard et "Les Miens" (2022) de et avec Roschdy Zem, Benoît Allemane aperçu dans "Chamboultout" (2019) de Eric Lavaine ou "J'Accuse" (2019) de Roman Polanski, Clotilde Mollet vue dans "Pupille" (2018) de Jeanne Herry, "Des Hommes" (2020) de Lucas Belvaux ou "L'Origine du Mal" (2022) de Sébastien Marnier, Francis Leplay qui retrouve également Karin Viard après "Les Fantasmes" (2021) des frères Foenkinos et vue depuis dans "Frère et Soeur" (2022) de Arnaud Desplechin et "Les Goûts et les Couleurs" (2022) de Michel Leclerc, Patrick D'Assumçao vu notamment dans "Selon la Police" (2022) de Frédéric Videau, "Le Tigre et le Président" (2022) de Jean-Marc Peyrefitte ou "Jeanne du Barry" (2023) de Maïwenn, Annie Mercier qui retrouve Karin Viard après "Le Rôle de sa Vie" (2004) de François Favrat et vue récemment auprès de Anaïs Demoustier dans "La Pièce Rapportée" (2021) de Antonin Peretjatko et "Les Amours d'Anaïs" (2021) de Charline Bourgeois-Tacquet... L'idée du film est excellente à la base car oui, oui et oui et la réalisatrice l'a bien compris : "Mais après tout, les femmes se sont, au fil des siècles, grimées en homme pour être médecin, avocat, professeur, donc il est fort probable qu'un tel cas se soit présenté dans la réalité." Et rien que ça c'est assez savoureux d'imaginer une telle imposture au sein d'un religion aussi hypocrite et auto-centrée. De plus, cette histoire permet de mettre en avant une femme, chancelière du diocèse, fonction méconnue et pourtant essentielle dans le fonctionnement de l'institution. Par contre, très vite on devine ce que vont être les rebondissements et/ou révélations car finalement, l'Eglise est si sûre d'elle-même et si refermée sur ses secrets et son fonctionnement qu'on ne peut être étonné de ce qui va être dévoilé. 

Ainsi il va y avoir quelques twists qui n'en sont pas vraiment car trop évidents sur les grandes lignes mais, heureusement, les zones d'ombres restent passionnantes et les réflexions plus ou moins philosophiques et théologiques sont aussi pertinentes que nécessaires. On mettra d'abord un petit bémol sur la sous-intrigue du fils qui paraît superflue tant l'enquête principale de suffisait à elle-même, et dont l'issue est la plus limpide tandis que le curseur est poussé un peu trop loin vampirisant un peu l'intrigue principale... ATTENTION SPOILERS !... Pas besoin d'être dans la situation de cet ado pour être traîté de "bâtard" qui est une insulte aussi commune que la situation des orphelins et/ou des familles monoparentales, l'ado qui craque alors même que sa mère répond à sa requête, et rappelons que cet ado mérite aussi qu'on le remette à sa place, égoïste et ingrat qui ne pense pas une seule fois à sa mère... FIN SPOILERS !... Néanmois, le jeune Maxime Bergeron est une jolie révélation et offre une vraie crédibilité notamment dans l'excellente scène du dîner. Sa partie "paternelle" est un peu trop imposante pourtant, l'enquête sur le passé du prêtre reste le vrai intérêt du film. L'enquête est prenante et offre un prisme dense et inédit autour de la foi catholique et sur la place de la femme au sein même de l'Eglise du Vatican. Les dialogues sonnent vrais, permettent des échanges parfois cinglants mais toujours constructifs, moins pour le clergé que pour le spectateur. Des face à face entre la chancellière et son Monseigneur ou son auxiliaire sont tendus et toujours cohérents sur le fond comme sur la forme. Une mise en scène d'ailleurs juste et adéquate avec la sobriété ou l'austérité ecclésiastique avec un final particulièrement judicieux. En conclusion un film plein d'acuité, qui pointe du doigt la bêtise d'une institution arriérée qui est effectivement en train de mourir mais qui continue à se tirer des balles dans le pied. A conseiller.

 

Note :                 

14/20
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