Les Goûts et les Couleurs (2022) de Michel Leclerc
Nouveau film de Michel Leclerc, nouvelle comédie où se mêle pourtant ses thèmes de prédilection comme justement son dernier film, "La Lutte des Classes" (2019), mais aussi les liens familiaux, l'héritage, et évidemment l'amour. Cette fois le cinéaste a voulu ajouter de la musique, son autre passion puisqu'il a écrit des chansons et a été membre de plusieurs groupes : "J'ai toujours essayé de mettre le plus possible de chansons dans les films. Je devais donc forcément me confronter un jour ou l'autre plus directement à cette passion." Pour ce nouveau projet Michel Leclerc co-signe le scénario avec Baya Kasmi qui est sa conjointe et collaboratrice depuis des années, d'abord actrice dans "J'Invente Rien" (2006) puis scénariste à partir de "Le Nom des Gens" (2010), elle en profite désormais pour collaborer sur d'autres films comme pour Thomas Lilti sur "Hippocrate" (2014) et "Médecin de Campagne" (2016)... Marcia, jeune espoir de la chanson enregistre un album avec son idole Daredjane, icône rock des années 1970. Malheureusement Daredjane meurt prématurément et la sortie du disque est menacée. Il faut alors convaincre l'ayant-droit de Daredjane, Anthony, de poursuivre le projet mais ce dernier n'a jamais franchement apprécié sa lointaine parente et encore moins sa musique. Deux mondes se font alors face, à moins que l'amour sauve les meubles... ou pas !...
L'ayant-droit est interprété par Felix Moati vu récemment dans le déchirant "La Vraie Famille" (2021) de Fabien Gorgeart, qui retrouve le réalisateur après "Télé Gaucho" (2012) et "La Vie très Privée de Monsieur Sim" (2015), ainsi que madame puisqu'il jouait aussi dans "Hippocrate" et "Médecin de Campagne". La jeune chanteuse est incarnée par Rebecca Marder vue dans "Seize Printemps" (2021) de et avec Suzanne Lindon puis dans le film de la maman de cette dernière, le joli "Une Jeune Fille qui va Bien" (2022) de Sandrine Kiberlain, et retrouve après "Simone, le Voyage du Siècle" (2022) de Olivier Dahan sa partenaire Judith Chemla alias Daredjane vue dans "Une Vie" (2016) de Stephane Brizé, "À Coeur Battant" (2020) de Keren Ben Rafael ou "Les Choses Humaines" (2021) de Yvan Attal, puis de son côté retrouve aussi après "Le Sens de la Fête" (2017) du duo Toledano-Nakache sa partenaire Eye Haïdara qui retrouve Rebecca Marder après "Deux Moi" (2019) de Cécric Klapisch, qui retrouve Michel Leclerc après "La Lutte des Classes" et qui retrouve également le comique Artus après le navet "Brutus vs César" (2020) de et avec Kheiron, Artus vu récemment dans "King" (2022) de David Moreau et "J'Adore ce que vous Faîtes" (2022) de Philippe Guillard, et qui retrouve après "Pourris Gâtés" (2021) de Nicolas Cuche l'inénarrable François Morel vu dernièrement dans "Kaamelott : Premier Volet" (2021) de et avec Alexandre Astier et "Le Trésor du Petit Nicolas" (2021) de Julien Rappeneau. Citons encore Philippe Rebbot vu ces derniers mois par exemple dans "Madame Claude" (2021) de Sylvie Vereyde et "Trois Fois Rien" (2022) de Nadège Loiseau, sans oublier évidemment la scénariste Baya Kasmi qui s'octroie comme souvent un petit rôle, et outre l'écriture et son époux elle joue parfois pour les autres comme dans "Deux Fils" (2019) de l'acteur-réalisateur Félix Moati ou "Les Fantasmes" (2021) des frères Foenkinos... Le début est long, trop avant le décès de Daredjane/Chemla. Ensuite on rencontre Anthony/Moati et ce n'est pas un réel plaisir. En effet, premier bémol il est difficile de s'attacher à un mec aussi antipathique, arnaqueur, au gros égo, arrogant, agressif et finalement looser derrière le vernis de la "grande gueule". Mais le plus gros soucis reste la partie musicale ! Daredjane, et par ricochet Marcia/Marder sont inspirés dixit le réalisateur, par des artistes aussi divers que Brigitte Fontaine, Catherine Ringer, Patti Smith ou même Barbara.
Malheureusement les chansons sont insipides, à tel point qu'on se dit que ça ne peut pas être un grand artiste de la chanson derrière, n'est pas Gainsbourg ou Brassens qui veut. Après recherche il s'avère que c'est le réalisateur-scénariste Michel Leclerc qui a écrit les chansons (en solo) et co-composé la musique (avec d'autres) ! Désolé mais non... Ce qui est un tantinet gênant vu l'importance des chansons dans le film. Heureusement, le cinéaste est meilleur dans sa partie ciné. Le scénario est découpé judicieusement avec des séquences d'archives de Daredjane qui donne du rythme mais aussi de la fantaisie (mais faut aimer ces chansons !). Sur le fond, le rapport à l'artiste et à sa postérité est bien montré et donne un peu de corps à cette romance basée sur le sempiternel différend bobo parisien et beauf de province ; un peu éculé comme concept. Reste un joli couple qui fonctionne bien malgré un gars de province qui aurait gagné à être effectivement moins beauf (caricature des deux), et surtout un bon point pour des seconds rôles du manager (excellent Rebbot) à l'agent qui déclare que "chanter faux n'empêche pas de chanter" aux jeunes amantes pas du tout naïves ou au DJ. Leclerc reste un réalisateur qui sait charmer, plusieurs séquences (hors musique donc) ne manquent pas de charmes et de légèreté qui compensent un propos plutôt triste et fataliste.
Note :