J'Adore ce que vous Faîtes (2022) de Philippe Guillard

4ème long métrage de Philippe Guillard, ancien joueur de rugby au Racing Club de France, devenu intervenant télé et surtout qui a réussi une reconversion au cinéma avec toujours le sport en toile de fond de son premier scénario pour le film "3 Zéros" (2002) et "Turf" (2013) tous deux de Fabien Onteniente jusqu'à son propre film "On voulait tout Casser" (2015). Pour ce nouveau film cette fois il délaisse le monde du sport pour une histoire sur la célébrité, le cinéaste désirant depuis un moment faire un film "sur la notion de popularité". Et c'est une anecdote de son ami et acteur fétiche Gérard Lanvin qu'ait venu l'idée : "La plus belle histoire que j'ai eue avec Gérard est celle du Stade de France. Nous étions allés voir un match de rugby. L'équipe de France avait gagné. Par peur d'un crique à la sortie, Gérard avait voulu partir cinq minutes avant tout le monde pour pouvoir prendre tranquillement un taxi. Il sort, attend, pas de taxi à l'horizon. L'enfer ! Des policiers arrivent, le reconnaissent, et lui proposent d'arrêter une voiture qui le raccompagnera à une porte de Paris. Ils hèlent, au hasard, un véhicule. À bord, quatre mecs, qui n'en mènent pas large. Manifestement pas très clairs, ils pensent être tombés sur un contrôle de police. Soulagés par la requête des policiers, ils acceptent de prendre Gérard, sans le reconnaître sur le moment, et redémarrent comme s'ils avaient le diable au trousses, en trombe, comme dans un polar ! Quand ils ont reconnu Gérard, ils ont voulu passer dans leur quartier pour montrer à leurs potes qui était dans leur voiture ... (...) Au fur et à mesure que Gérard me l'a racontée, j'ai visualisé la scène. Elle a été le déclic de mon scénario." Philippe Guillard, est réalisateur-scénariste de son film avec, on s'en doute, son ami en tête d'affiche dans son propre rôle...

L'acteur Gérard Lanvin est choisit pour un premier rôle dans une superproduction américaine sur le débarquement de Normandie. Alors que le tournage a commencé il rencontre Momo un fan qui va malheureusement vite devenir collant. Gérard doit assumer le tournage et son rôle tout en cherchant à se débarrasser d'un fan insupportable et envahissant... Gérard Lanvin joue donc son propre personnage, retrouvant pour l'occasion son ami réalisateur après "Le Fils de Jo" (2011), "Papi Sitter" (2020) puis "3 Zéros" et "Camping" (2006) tous deux de Fabien Onteniente. Lanvin retrouve aussi un genre qu'il connaît bien, comédie reposant sur l'antagonisme d'un duo comme sur "Marche à l'Ombre" (1984) de et avec Michel Blanc, "Le Boulet" (2002) de Alain Berberian et Frédéric Forestier ou encore "Pension Complète" (2015) de Florent Emilio-Siri. Le fan collant est interprété par l'humoriste Artus qui joue là son premier rôle principal après plusieurs petits rôles dans des comédies comme "Budapest" (2018) de Xavier Gens, "Docteur ?" (2019) de Tristan Séguéla, "Pourris Gâtés" (2021) de Nicolas Cuche, et après le navrant "Brutus vs César" (2020) de Kheiron son partenaire Antoine Bertrand vu aussi dans "Starbuck" (2011) de Ken Scott ou "Louis Cyr : l'Homme le plus Fort du Monde" (2013) de Daniel Roby. Citons ensuite Antony Hickling, franco-sud-africain réalisateur entre autre de "Where Horses Go to Die" (2016) et "Down in Paris" (2021), et acteur vu récemment dans "Tendre et Saignant" (2022) de Christopher Thompson, puis Caroline Bourg vue dans "Intouchables" (2011) du duo Toledano-Nakache ou "La Fête des Mères" (2017) de Marie-Castille Mention-Schaar, Laura Del Sol révélation des films "Carmen" (1983) et "L'Amour Sorcier" (1986) tous deux de Carlos Saura et vue également dans "The Hit" (1984) de Stephen Frears ou "Furia" (1999) de Alexandre Aja, Lou Chauvain vue notamment dans "Libre et Assoupi" (2013) de Benjamin Guedj, "Juillet Août" (2016) de Diastème et "La Promesse de l'Aube" (2018) de Eric Barbier, elle retrouve aussi après "Le Grand Jeu" (2015) de Nicolas Pariser la méconnue Natasha Andrews, comédienne australienne qui est à la ville madame Pierre Niney aperçue également dans "Magic in the Moonlight" (2014) de Woody Allen... Un duo improbable, un fan qui s'impose... etc... Bref un canevas récurrent au cinéma, dans tous les genres de "Mon Nom est Personne" (1973) de Tonino Valerii à "Un Talent en Or Massif" (2022) de Tom Gormican en passant par "Misery" (1991) de Rob Reiner ou "Elle l'Adore" (2014) de Jeanne Herry.

Ici un acteur, Lanvin en personne, qui respecte ses fans au point de se mordre la langue même quand le bouchon est poussé face à un fan gentil, gentil mais lourd et justement poussif mais les deux ont un capital empathie certain ce qui laisse le film s'installé dans le fauteuil moelleux et confortable de la comédie familiale pleine de bon sentiment. Pourtant le scénario change subrepticement son fusil d'épaule. Dans sa première partie tout repose sur cette frontière de l'intime que le fan traverse et dépasse sans sourciller mais jamais avec méchanceté. Dans la seconde c'est moins pregnant et s'installe aussi toute une réflexion sur le cinéma, et les rêves de cinéma avec en prime un rapide  passage en revue des coulisses d'un plateau de tournage. Le face à face fan/Artus et Gérard Lanvin reste savoureux grâce avant tout sur un duo au diapason, le premier étant un gentil maladroit trop bavard et le second étant la star qu'on connaît tous, intègre parfois bougon et toujours droit dans ses bottes. Le clivage entre les deux fonctionne à merveille. Si quasi tout repose sur eux on notera le bel atout du réalisateur québécois Bob Martel/Bertrand qui sort son épingle du jeu et offre son lot de séquences drôles. L'humour est absurde, jamais méchant, joue sur la simple bêtise ou les maladresses d'action comme de langage et les non-dits ou les sous-entendus. Sur le fond rien d'extraordinaire, mais le réalisateur-scénariste signe une comédie simple et sympa, amusante souvent à défaut d'être hilarante. Un bon moment sans prise de tête et ça fait aussi du bien.

Note :      

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :