Intouchables (2011) de Eric Toledano et Olivier Nakache
Le duo Eric Toledano-Olivier Nakache se sont fait une spécialité de la comédie populaire depuis "Je préfère qu'on reste Amis..." (2005) et ce jusqu'au récent "Une Année Difficile" (2023), et on signer le plus gros succès du cinéma français détrônant le mythique "La Grande Vadrouille" (1966) de Gérard Oury. Les deux compères ont eu l'idée du film en regardant le documentaire télé "A la Vie à la Mort" (2003) sur la relation entre le milliardaire tétraplégique Philippe Pozzo di Borgo et son assistant médical et humain Abdel Sellou. Les deux réalisateurs-scénaristes joignent et rencontrent les deux intéressés et signent leur scénario d'après le livre autobiographique "Le Second Souffle" (2001) de Philippe Pozzo di Borgo. L'auteur étant d'ailleurs très investis dans plusieurs associations la production ajoute au générique de fin une information en indiquant que 5% des bénéfices du film sont reversés à une association pour personnes paralysées. Le succès du film est phénoménal, amassant 20 millions d'entrées France et qui cartonne au niveau mondial jusqu'à voir plusieurs remakes voir le jouer dans les années suivantes... Philippe est riche mais est devenu tétraplégique suite à un accident de parapente. Après un concours de circonstance Driss, venu de banlieue et qui cherche à toucher les Assedic est engagé pour devenir l'assistant médical et accompagnant de Philippe. Leurs deux univers si différents vont d'abord se téléscoper avant de s'apprivoiser dans une relation aussi tumultueuse qu'inattendue...
Le milliardaire tétraplégique est joué par François Cluzet vu la même année dans "Mon Père est Femme de Ménage" (2011) de Saphia Azzedine et "L'Art d'Aimer" (2011) de Emmanuel Mouret, tandis que Driss son accompagnant est incarné par Omar Sy qui retrouve ses réalisateurs après "Nos Jours Heureux" (2006) et "Tellement Proches" (2009) avant de revenir pour "Samba" (2014) dans lequel il retrouvera aussi Clotilde Mollet qui joue l'infirmière, les autres membres au service du milliardaire sont joués par Anne Le Ny vue la même année dans "La Guerre est Déclarée" (2011) de et avec Valérie Donzelli et "La Brindille" (2011) de Emmanuelle Millet, Audrey Fleurot encore méconnue malgré les films précédents comme "La Sainte Victoire" (2009) de François Favrat et "Les Femmes du 6ème Etage" (2011) de Philippe Le Guay. Citons ensuite Alba Gaïa Bellugi remarquée dans "Le Temps qui Reste" (2005) de François Ozon et vue plus tard dans "Inexorable" (2022) et "Maldoror" (2024) tous deux de Fabrice du Welz, Cyril Mendy vu juste après dans "La Marche" (2013) de Nabil Ben Yadir et "Bande de Filles" (2014) de Céline Sciamma, Grégoire Oestermann qui retrouve Anne Le Ny après son film "Ceux qui Restent" (2007) et qui retrouvera le duo Toledano-Nakache dans "Le Sens de la Fête" (2017), Marie-Laure Descoureaux qui retrouve Clotilde Mollet après "Le fabuleux Destin d'Amélie Poulain" (2001) de Jean-Pierre Jeunet, Christian Ameri qui retrouvera dans "Cloclo" (2012) de Florent Emilio-Siri sa partenaire Emilie Caen qui sera surtout remarquée dans la franchise "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?" (2014-2022) de Philippe de Chauveron où elle retrouvera Salimata Kamaté qui sera salué pour sa performance dans "Saint Omer" (2022) de Alice Diop, Thomas Solivérès dans son premier rôle avant de confirmer avec "Respire" (2014) et "Plonger" (2017) tous deux de Mélanie Laurent, puis Jean-François Cayrey remarqué surtout plus tard dans "Raid Dingue" (2017) de et avec Dany Boon et surtout l'excellent "Barbaque" (2021) de et avec Fabrice Eboué et vu récemment dans "Une Année Difficile" (2023) des réalisateurs Toledano-Nakache, deux réalisateurs qui font appel à des fidèles, citons donc encore Joséphine de Meaux après "Nos Jours Heureux" (2006) et "Tellement Proches" (2009), puis enfin Michel Winogradoff fidèle depuis le premier film...
Les premières minutes s'attardent un peu trop sur la "misère" des banlieues, avec une complaisance un peu facile mais sans doute nécessaire afin de montrer l'écart social entre Driss/Sy et Philippe/Cluzet. La rencontre entre François Cluzet (aussi sobre que touchant) et Omar Sy (juste l'acteur idéal pour ce rôle) est une parfaite osmose et la première fois dans le film en est à ce point une belle mise en bouche. Le film repose sur un point essentiel : l'aide à domicile est choisi parce qu'il n'use pas de pitié exacerbé envers le millionnaire tétraplégique ; effectivement ça fait du bien de voir enfin des blagues que tout le monde connait et en rit sur grand écran avec cet effet libérateur et jouissif qu'il impose (la BA est un très bon amuse-gueule). Une comédie qui veut éviter le pathos et le misérabilisme tombe dans pourtant dedans. En effet car si c'est une réussite du point de vue relationnel entre les deux héros du film il en est rien du côté familial du personnage de Omar Sy... Oui la cité c'est dur, on a droit à tous les poncifs sur le sujet et ce n'est pas la fille pourrie gâtée du millionnaire qui contre-balance. La vraie réussite du film réside aussi dans l'équilibre constant qui permet d'éviter toute pitié pour lui préférer une compassion sans pathos, mettant en place un parallèle certe légèrement bancal mais malin entre l'handicap physique et l'handicap social ; sur ce dernier, bien que mis à mal par un faineant qui préfère à la base les Assedics plutôt que de travailler, ainsi c'est la mère de Driss et son courage qui nous touche. Le casting est au diapason, outre le duo Sy-Cluzet les seconds rôles sont parfaits. On rit et on est ému avec du bon son en prime. Une comédie au-dessus de la moyenne même si ce le box-office est bien généreux vis à vis de grands chefs d'oeuvres passés. Un très bon moment.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 15 ans :