Frère et Soeur (2022) de Arnaud Desplechin

par Selenie  -  26 Mai 2022, 08:09  -  #Critiques de films

Après l'adultère dans "Tromperie" (2021) le réalisateur Arnaud Desplechin a voulu revenir au drame familial comme il l'avait déjà magnifiquement abordé avec "Un Conte de Noël" (2008), puis explorer un tout autre domaine : "cet autre visage de l'amour ? Comment faire pour que la haine se tarisse ? Ma préoccupation vec cette histoire, pour moi qui suis né catholique, était de trouver une issue à la haine qui ne soit pas chrétienne. Comment trouver en termes de cinéma, quelque chose qui ne soit pas mièvre." Pour ce nouveau projet le cinéaste co-signe le scénario avec Julie Peyr qu'il retrouve donc pour la 4ème fois après "Trois Souvenirs de ma Jeunesse" (2015), "Les Fantômes d'Ismaël" (2017) et "Tromperie"... Alice est actrice, elle a un frère Louis, professeur et auteur, elle le hait depuis 20 ans au point de ne plus lui adresser la parole et même de changer de trottoir si par malchance ils se croisent dans la rue. Louis ne semble pas savoir pourquoi et comment ça a commencé. Mais arrive les funérailles de leurs parents, ils vont devoir se rencontrer ne serait-ce que pour l'enterrement...

Alice est incarnée par Marion Cotillard vue récemment dans le magistral "Annette" (2021) de Leos Carax, et surtout retrouve son réalisateur pour la 3ème fois après "Comment je me suis Disputé... (ma Vie Sexuelle)" (1996) et "Les Fantômes d'Ismaël", à l'instar de son partenaire qui joue son frère Louis, Melvil Poupaud qui était dans "Un Conte de Noël", puis vu récemment dans "Été 85" (2020) de François Ozon et "Les Jeunes Amants" (2022) de Carine Tardieu. Les proches au milieu du conflit fraternel sont joués par Max Baissette de Malglaive jeune acteur remarqué dans "Mensch" (2009), de Steve Suissa, "Mea Culpa" (2014) de Fred Cavayé ou "Nos Patriotes" (2017) de Gabriel Le Bomin, Golshifteh Farahani vue récemment dans "Un Divan à Tunis" (2019) de Manele Labidi et "Tyler Rake" (2020) de Sam Hargrave, Cosmina Stratan vue dans "Au-Delà des Collines" (2012) de Cristian Mungiu et "Shelley" (2016) de Ali Abassi, Benjamin Siksou vu surtout chez Audrey Estrougo dont "La Taularde" (2016) et qui retrouve Desplechin après "Trois Souvenirs de ma Jeunesse", puis enfin Patrick Timsit vu dernièrement dans "Alors on Danse" (2021) de et avec Michèle Laroque et "Le Dernier Mercenaire" (2021) de David Charhon... D'abord on est un peu perplexe par cet accident de voiture du début, qui est très écrit, trop écrit d'ailleurs tant il est complexe et important alors qu'au final il est tout à fait accessoire dans le récit. Au début du film, on nous place directement dans la tragédie, la pire qu'on puisse connaître, qui annonce d'emblée que ce film ne va pas être une comédie.

Un premier acte qui renvoie directement au second, une pièce de théâtre qui s'avère être une adaptation de la pièce "The Dead" de James Joyce adapté de façon magistrale au cinéma avec "Gens de Dublin" (1987) de John Huston, que Desplechin explique : "Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le lien entre ce titre, Les Morts, et le petit Jacob décédé, qui ajoute au caractère irrémédiable de la dispute." Et justement on arrive à cette dispute, cette haine unilatérale inexplicable à priori entre un frère et une soeur. Il y a deux hics qui se dessinent. On apprend petit à petit qu'il ne s'agit pas que d'un frère et une soeur, les autres membres de la famille ont coupé les ponts avec lui que ce soit par lâcheté ou par simple faiblesse, mais tous ont une responsabilité jusqu'aux parents dont on ne saura pas tout. Puis finalement on nous dévoile le pourquoi du comment assez vite, et on se dit "ah oui quand même, une simple question d'orgueil ?!" On aurait aimé un développement un peu moins superficiel. Le frère subit, la soeur agit, les autres la suivent et personne ne sait pourquoi. Puis il y a des passages qui ne servent pas à grand chose, comme cette fan roumaine qui est soit sous-exploitée soit complètement inutile, ou cet écueil très bobos du cinoche où la drogue est la meilleure des solutions. Au final cette histoire émeut parfois grâce à quelques passages et au talent des acteurs, mais ça reste très fouilli, ça part un peu dans tous les sens sans que personne sache où ça mène ; Desplechin le savait-il lui-même ?! On aura connu le réalisateur-scénariste plus inspiré... Dommage...

 

Note :      

 

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