Les fantômes d'Ismaël (2017) de Arnaud Depleschin

par Selenie  -  18 Mai 2017, 08:44  -  #Critiques de films

Après "Trois souvenirs de ma jeunesse" (2015) le réalisateur Arnaud Depleschin revient avec d'autres souvenirs, plus flous, plus diffus et retrouve par la même occasion son acteur fétiche Mathieu Amalric pour leur 7ème long métrage ensemble. Autre fidèle, on retrouve également Hyppolite Girardot (4ème film ensemble dont 3 avec Amalric), tandis que Marion Cotillard retrouve Despleschin après "Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle)" (1996) à une époque où Marion Cotillard n'était encore qu'une inconnue avant d'exploser dans "Taxi" (1998) de Gérard Pirès. Dans les nouveaux venus dans la monde de Depleschin il y a Louis Garrel qui retrouve Marion Cotillard après "Mal de pierres" (2016) de Nicole Garcia, l'actrice italienne Alba Rohrwacher vu dans "Amore" (2009) de Luca Guadagnino et "Tale of Tales" (2015) de Matteo Garrone. Et en prime, la pierre angulaire du triangle amoureux est interprétée par Charlotte Gainsbourg.

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Ce film est un labyrinthe fantomatique dans la tête du personnage de Ismaël (Amalric), à tel point que le cinéaste parle de 5 films en 1 : "C'est le portrait d'Ivan un diplomate qui traverse sa vie sans rien n'y comprendre. C'est le portrait d'Ismaël un réalisateur de film qui traverse sa vie sans rien n'y comprendre non plus. C'est le retour d'une femme d'entre les morts. C'est aussi un film d'espionnage... Cinq films compressés en un seul, comme les nus féminins de Pollock. Ismaël est frénétique. Et le scénario est devenu frénétique avec lui ! Pourtant, Ismaël dans son grenier essaie de faire tenir ensemble les fils de la fiction..."... Ce film est assez unique pour mériter le détour, à la dramaturgie à la fois loufoque et mélancolique. C'est une tragi-comédie qui surprend de par sa construction singulière qui gagne grâce à deux paramètres essentiels.

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D'abord par son trio d'acteurs principaux qui offrent chacun de belles performances, une Marion Cotillard mystérieuse et paumée, une Charlotte Gainsbourg touchante et amoureuse, un Mathieu Amalric inconstant et passionné. L'autre joli point réside dans les dialogues, particulièrement littéraires, un un peu trop sans doute car sans réalisme mais diablement réjouissants et d'une belle acuité philosophique. Où comment un homme se croyant veuf tente de reconstruire sa vie alors que son épouse revient d'entre les morts, simultanément on voit l'histoire du film qu'il est en train de tourner prendre vie comme un parallèle inattendu. Le film repose donc sur des questions existentielles par lesquelles Despleschin questionne sur les émotions et surtout sur le fait que la vie continue, et doit continuer. Un scénario et une mise en scène peu communs mais d'une richesse rare, autant dans le fond que dans la forme même si on peut parfois perdre le fil. Original et dense un film qu'il mérite le détour.

 

Note : 

14/20
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