Top Gun : Maverick (2022) de Joseph Kosinski
Près de 36 ans après, voici la suite du plus gros succès de son époque "Top Gun" (1986) de Tony Scott qui avait tout de même engrangé 357 millions de dollars Monde pour un budget de 15 millions ! Il aura pourtant fallu attendre 2010 avant d'entendre parler d'une suite avec le même trio à succès, Jerry Bruckheimer producteur, Tony Scott réalisateur et Tom Cruise en haut de l'affiche, mais malheureusement la mort prématurée de Tony Scott replonge le projet dans les cartons. C'est en 2014 que le projet est relancé avec une certitude, celle de prendre en compte l'évolution technique de l'aviation comme Jerry Bruckheimer l'explique : "Les pilotes sont devenus obsolètes à cause des drones. Tom Cruise va leur montrer qu'ils ne sont pas obsolètes. Ils sont là pour rester." Grande différence avec 1986, Tom Cruise n'est plus un débutant mais une des plus grandes stars du monde, acteur-producteur qui a son mot à dire, ainsi il insiste pour limiter les effets numériques, et surtout n'hésite pas à repousser le tournage pour apprendre durant un an à piloter lui-même un avion de chasse. On n'est pas étonné non plus des choix du réalisateur et des scénaristes : Joseph Kosinski avec qui il a tourné "Oblivion" (2013), ainsi qu'un producteur-scénariste majeur, Christopher McQuarrie qui a collaboré à pas moins de 9 films avec Tom Cruise depuis son scénario pour "Walkyrie" (2008) de Bryan Singer en passant par les derniers "Mission Impossible", "Jack Reacher" (2012) de lui-même ou "Edge of Tomorrow" (2014) de Doug Liman. McQuarrie co-signe le scénario d'après les personnages créés par Jim Cashet Jack Epps Jr avec Ehren Kruger auteur de trois "Transformers" (2009-2014) de Michael Bay production Brukheimer, et de "Ghost in the Shell" (2017) de Rupert Sanders, puis Eric Warren Singer auteur de "American Bluff" (2013) de David O. Russell et "Line of Fire" (2017) de Joseph Kosinski qu'il retrouve donc. Sur cette suite, la production obtient un budget bien plus confortable de 140 millions de dollars...
Pete "Maverick" Mitchell est un as, un des meilleurs pilotes de chasse de la Marine américaine depuis plus de 30 ans mais il a toujours refusé de monter en grade car il préférait continuer à voler plutôt que gratte-papier. De façon plutôt inattendu, son ancien partenaire et rival Tom "Iceman" Kazansky qui est devenu amiral, le choisit pour qu'il forme un détachement de jeunes diplômés de l'école Top Gun. Mais alors qu'il constate que dans la formation il y a le fils de son défunt ami Bradshaw, il apprend qu'il doit en fait préparer ses jeunes pour une mission spéciale... Maverick est donc logiquement incarné une nouvelle fois par Tom Cruise, qui retrouve pour un rôle plus court son partenaire Iceman alias Val Kilmer qui se fait rare suite à un cancer violent, et dont les derniers films importants sont sans doute "Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans" (2009) de Werner Herzog et "Twixt" (2011) de F.F. Coppola, les deux acolytes retrouvent aussi Ed Harris respectivement après "La Firme" (1993) de Sydney Pollack et "Pollock" (2000) de Ed Harris lui-même dans lequel jouait aussi l'atout charme du film, Jennifer Connelly, qui de son côté retrouve après "Line of Fire" le réalisateur Kosinski et la relève du Top Gun incarnée par Miles Teller acteur qui a explosé depuis "Whiplash" (2014) de Damien Chazelle, l'actrice retrouve aussi après "Le Jour où la Terre s'arrêta" (2008) de Scott Derrickson son partenaire Jon Hamm vu récemment dans "No Sudden Move" (2021) de Steven Soderbergh et qui retrouve après "Sale Temps à l'Hôtel El Royale" (2018) de Drew Goddard ses partenaires Lewis Pullman et Manny Jacinto. Citons encore Jean Louisa Kelly vue récemment dans "L'Appel de la Forêt" (2020) de Chris Sanders et "Malignant" (2021) de James Wan, puis Glen Powell vu dans "Les Figures de l'Ombre" (2017) de Theodore Melfi dans lequel il incarnait l'astronaute John Glen, rejoignant ainsi son partenaire Ed Harris qui l'avait incarné dans "L'Etoffe des Héros" (1983) de Phillip Kaufman... L'armée avait déjà assisté et collaboré au "Top Gun" (1986), mais cette fois cette aide est bien plus importante encore et Tom Cruise est aux premières loges. La collaboration entre acteurs et pilotes pros est aussi complice qu'essentielle. Les acteurs sont formés de façon intensive durant 5 mois notamment et surtout pour assimiler les fondamentaux et la force G (unité d'accélération), les pilotes ont dû apprendre quelques rudiments de tournage, mais également les acteurs qui ont dû cadrer dans le cockpit ayant une place réduite. Le travail en amont est imposant et l'entente entre acteurs (qui ne pilotent pas réellement à l'exception de la star Tom Cruise) et pilotes a dû se faire en toute osmose afin de créer l'illusion. On notera aussi, qu'outre les avancées technologiques, les années ont vu apparaître des femmes pilotes qui n'existaient pas avant 1993.
Le générique de début fait la part belle au pont du porte-avion, un générique façon "Fast and Furious" de la Marine Américaine qui se place dans la droite ligne du "Top Gun" (1986) originel. Alors évidemment, le scénario ne fait pas dans la dentelle, on reprend les cordes (et pas les ficelles !) du premier, mais il faut avouer que c'est ce qui fait le lien et la filiation avec le premier. Pour le meilleur, un panel de pilotes à l'image du millénaire, une moto iconique, un caméo de luxe et émouvant de "Ice", le personnage de Penny/Connelly en référence maline et directe à une liaison racontée dans le premier opus... Pour le moins bien, le rapport conflictuel convenu et ennuyeux entre Rooster"Teller et Maverick, les rapports tout aussi convenu et ennuyeux avec sa hiérarchie... Et enfin l'atout maître les séquences de vol et de pilotage absolument fascinante sur le fond et de toute beauté sur la forme. Le rêve et la fascination du milieu éclabousse l'image et impressionne, ne serait-ce d'ailleurs que par l'abnégation et l'implication des acteurs en premier lieu Tom Cruise qui reste celui qui mène le jeu, qui mène le film, qui a aussi l'intelligence pour la première fois de passer le relais et d'assumer un âge où il se doit de "laisser couler". La surprise est telle que l'émotion nous saisit sans qu'on s'y attende, avec en prime une pointe de suspense bien amené et bien géré. Un film fait pour le grand écran, moins boursouflé que l'original de 86, qui respecte le spectateur avec un divertissement certe balisé et calibré mais avec talent et passion et des séquences aériennes spectaculaires. Un très très bon moment fun et pop corn à voir absolument sur grand écran.
Note :