Sale Temps à l'Hôtel El Royale (2018) de Drew Goddard.
Nouveau film de Drew Goddard des années après le pourtant remarqué film d'horreur "La Cabane dans les Bois" (2011). Outre cette réalisation, il a surtout fait sa place en tant que scénariste avec "Cloverfield" (2008) de Matt Reeves, "World War Z" (2013) de Marc Forster et "Seul sur Mars" (2015) de Ridley Scott. Ce projet est d'abord un scénario qu'il a signé et qui a été acheté par la Fox, et sur lequel le studio lui a fait confiance au point de lui laisser également la réalisation et la production... En 1969, date charnière aux Etats-Unis, quatre personnes se retrouvent dans un hôtel qui était autrefois un haut lieu people et jet set, aujourd'hui un peu oublié. Un hôtel vivant dans l'ombre de son passé idéal pour des personnes qui semblent avoir eux-mêmes de lourds secrets et/ou un passé qui peut les rattraper...
Le majordome multi-services de cet El Royale est interprété par l'inconnu Lewis Pullman qui n'est autre que le fils du regretté Bill Pullman aperçu dans "Strangers : Prey at Night" (2018) de Johannes Roberts et bientôt on le verra aux côtés de son père dans "The Ballad of Lefty Brown" (2018) de Jared Moshé. Les quatre invités "surprises" sont incarnés par le génial Jeff Bridges qu'on ne présente plus, Dakota Johnson fille de Don Johnson et Melanie Griffith devenue connue grâce au phénomène "Cinquante Nuances de Grey" (2015) de Sam Taylor-Johnson, Jon Hamm qu'on voit de plus en plus sur grand écran avec "Les Espions d'à- côté" (2017) de Greg Mottola, "Baby Driver" (2017) de Edgar Wright et dernièrement "Opération Beyrouth" (2018) de Brad Anderson et enfin l'inconnue Cynthia Erivo qui est pourtant déjà lauréate d'un Tony Award 2016 et d'un Grammy Award 2017 suite à ses performances à Broadway. Et enfin, deux autres rôles importants reviennent à Chris Hemsworth déjà dans "La Cabane dans les Bois" et surtout vu en Thor dans la saga "Avengers", puis la charmante Cailee Spaeny jeune et très prometteuse déjà vue dans "Pacific Rim : Uprising" (2018) de Steven S. DeKnight. En prime, une apparition d'un certain Xavier Dolan... L'autre personnage du film reste l'hôtel El Royal lui-même, une bâtisse à cheval sur deux états (Californie et Nevada) entièrement inventée et bâtie. Un hôtel dans le style des motels de la route 66 en version luxe. L'autre bon point est le contexte géo-politico-social des Etats-Unis en 1969 qui laisse l'Histoire s'imposer en filigrane, en toile de fond notamment avec l'élection de Nixon, le Viêt-nam, le fait divers Charles Manson qui fait écho avec le personnage joué par Chris Hemsworth et aussi la magnifique B.O. où s'impose la Soul Music magnifiquement assurée et assumée par le personnage joué par Cynthia Erivo ; cette dernière ne fait pas de play-back et a enregistré ses chansons en live sur le tournage !
Quand le huis-clos s'installe on pense très vite à du Tarantino, sans le verbe et sans la cohérence malheureusement. Le chapitrage est une bonne idée bien gérée par un montage judicieux à l'exception notable de flash-back un peu lourdingues voire superflus et qui gâchent notamment l'effet 100% huis clos. Mais l'histoire reste prenante avec des séquences plutôt jouissives et fun, avec en prime des personnages vraiment très bien croqués. Des personnages qui sont l'archétype américain (le braqueur, le flic, le gourou, la paumée qui rêve de gloire... etc...) réunis pour un jeu de massacre attendu... Malheureusement le grand final est un peu poussif, vraiment la partie où on sent que Drew Goddard est encore loin de Tarantino. Néanmoins, le cinéaste signe un film dense, très efficace qui n'est pas dénué ni d'humour, ni de fond. Un bon moment.
Note :