L'Origine du Mal (2022) de Sébastien Marnier

Après les bons films "Irréprochable" (2016) et "L'Heure de la Sortie" (2018) Sébastien Marnier revient avec un nouveau thriller cette fois lorgnant un peu du côté d'un Chabrol et surtout en s'inspirant de sa propre famille : "Jeanne est un personnage secondaire mais elle met en lumière sur la note d'intention du film. Revenue de l'étranger pour suivre sa mère, elle se retrouve dans ce palais hanté pour en être une observatrice mais aussi une actrice. C'est un film sur la Famille où chacun joue un rôle, c'est donc aussi un film sur les Acteurs." Mais surtout, Sébastien Marnier, réalisateur-scénariste emprunte des scènes entières ayant existées dans sa famille dont le fait que sa mère a retrouvé son père à 60 ans, et si tous les séparaient notamment politiquement ils se sont à priori adorés ; par exemple la scène du coup de téléphone et de la rencontre est vraie...

Stephane, une jeune femme retrouve son père des années après et revient dans la luxueuse demeure familiale en bord de mer. Elle fait ainsi la rencontre de son père fortuné, son épouse fantasque, sa fille et donc demi-soeur qui est femme d'affaire aux dents longues, une ado rebelle et une servante inquiétante. Mais très vite Stephane doit faire avec quelques secrets et mystères, les suspicions amènent aux mensonges et bientôt une atmosphère délétère s'installe... Stephane est incarnée par la solaire Laure Calamy vue récemment dans "Une Femme du Monde" (2021) de Cécile Ducrocq et "À Plein temps" (2021) de Eric Gravel. Sa famille est composé de Jacques Weber vu dernièrement dans "Le Monde d'Hier" (2022) de Diastème, Dominique Blanc vue dans "Guermantes" (2021) de Christophe Honoré et "La Vraie Famille" (2022) de Fabien Gorgeart, Céleste Brunnquell révélation de "Les Eblouis" (2019) de Sarah Suco, Doria Tillier vue récemment dans "Présidents" (2021) de Anne Fontaine et "Canailles" (2022) de Christophe Offenstein qui retrouve après "Le Jeu" (2018) de Fred Cavayé sa partenaire Suzanne Clément vue entre autre chez Xavier Dolan et aussi dans des films comme "Les Premiers, les Derniers" (2015) de et avec Bouli Lanners, "Espèces Menacées" (2017) de Gilles Bourdos et retrouve après "La Taularde" (2016) de Audrey Estrougo l'actrice Naidra Ayadi vue dernièrement dans "Les Promesses" (2022) de Thomas Kruithof et "Le Sixième Enfant" (2022) de Leopold Legrand, puis enfin Clotilde Mollet vue dans "Pupille" (2018) de Jeanne Herry et "Des Hommes" (2020) de Lucas Belvaux... Outre ce très joli casting, on remarque un autre personnage principal, la maison qui semble complètement anachronique, énorme bâtisse d'une autre époque comme symbole d'un faste passé, resté baigné dans un kitsh luxueux façon musée figé dans le temps au point même de sourire à cette jolie collection de cassette vidéo VHS ! Signée de Pierre Lapointe, artiste piano-voix très connu au Québec et bientôt en France, la musique a elle aussi un côté très classique qui colle au côté suranné façon tragédie grecque qui passe subrepticement d'un son qui place le mystère qui grimpe doucement vers un style plus thriller.

La première partie est un peu plan-plan, il ne se passe pas grand chose outre la présentation des personnages. Ensuite l'intrigue se met en place petit à petit de façon assez énigmatique pour relancer l'intérêt mais un reste un peu déçu quand trop de choses nous sont dévoilées cassant alors tout suspense. Il semble alors que le réalisateur a préféré opter pour un climax et et une montée sous tension tout en nous offrant les réponses de façon systématique et régulière alors qu'il aurait été judicieux d'attendre un peu, d'être moins pressé. Néanmoins, Sébastien Marnier réussit à maintenir une telle tension qu'on attend avec impatience le moment fatidique, mais surtout il place 2-3 scènes marquantes et/ou malaisantes qui font que le drame reste implacable avec en prime des acteurs impressionnants de justesse et de présence. Les émotions sont parfois tangentes, surprenantes vis à vis du spectateur pour les protagonistes et pour les personnages entre eux. Le réalisateur signe un film riche de nuances, intelligemment écrit, à la fois tragédie familiale et thriller psychologique. Un très bon moment.

Note :