Rambo (1982) de Ted Kotcheff
Adaptation du roman "First Blood" (1972) de David Morrell, ce film est avant tout un projet de la star Sylvester Stallone (co-scénariste), qui sortait alors de "Rocky III - l'Oeil du Tigre" (1982) et qui avait en préparation la réalisation de "Stayin Alive" (1983). Le romancier, professeur, a eu l'idée du livre après avoir vu le retour du Viêtnam de ses anciens élèves et de constater les difficultés de réinsertion qui suivaient. Pour l'anecdote le nom de Rambo serait un mixte entre la passion du professeur pour Rimbaud (la prononciation américaine serait très semblable), le fait que sa femme lui ait fait goûter une pomme de variété "Rambour" et qu'en japonais "rambo" veut dire "violence". Tout un programme... Mais le plus paradoxal reste les différences entre le roman et le film. Le roman est beaucoup plus violent que l'est le film. Dans le roman Rambo tue un à un les policiers avant de mourir à la fin. Dans le film Rambo ne fait que blesser les policiers et il se rend. Une version existe où Rambo meurt, mais les projection-tests ne furent pas concluant...
Du point de vue psychologique sur les problèmes de réinsertion des GI's il faut bien avouer qu'on est très loin des chefs d'oeuvres "Voyage au bout de l'enfer" (1978) de Michael Cimino ou "Né un 4 juillet" (1989) de oliver Stone. Finalement il s'agit surtout d'un prétexte pour un film d'action qui penche plus pour une simple chasse à l'homme. Pourtant il est évident que le scénario fait un effort sur ce point par rapport à l'oeuvre originel, il aurait sans doute fallu un prologue plus malin, moins caricatural et moins manichéen. Cependant le film est bien mené et on s'attache à ce héros fracassé joué par un Stallone investit ; il effectue lui-même la cascade où il saute de la falaise dans un arbre, scène gardée à la première prise où il se casse plusieurs côtes... Quant à eux Brian Dennehy et Richard Crenna imposent leur charisme. Un très bon film qui a le mérite (ou pas) d'ouvrir la porte à un nouveau sous-genre qui ravira les amateurs de séries B guerrières dont les années 80 nous gaveront particulièrement. En tous cas "Rambo" est largement meilleur que ce qui suivra. L'auteur David Morrell, qui sera absent du "Rambo II : la mission" (1985) sera co-scénariste sur le nanard invraisemblable et bourrin "Rambo III" (1988), ce qui confirmera que, pour une fois, ce n'est pas l'auteur originel qui est forcément le plus inspiré. Les deux suites serviront surtout une propagande politique anti-communiste des plus nauséeuse. Tandis que le réalisateur Ted Kotcheff, ravit du méga succès au box-office (plus de 3 millions en France), se relance dans un erzats avec "Retour vers l'enfer" (1983). Bref, sans être un chef d'oeuvre, "Rambo" reste le seul de la saga digne de ce nom, dont l'ambition est à saluer et qui reste un film très efficace.
Note :