Saint-Laurent (2014) de Bertrand Bonello
Près de 9 mois après le "Yves Saint-Laurent" de Jalil Lespert voici donc son concurrent et jumeau (une habitude cinématographique). Un pari osé tant le précédent a été ovationné avec en prime l'aval et le soutien de Pierre Bergé... Mais Bonello a justement plus de liberté, sans les contraintes évidentes qu'à dû avoir Lespert pour son film. Et heureusement pour nous le réalisateur de l'excellent "L'Apollonoide" (2011) use de toute sa liberté pour offrir un très beau film. En contre-pied total du film de Lespert Bonello place son biopic non pas sur la seule période 67-76 comme indiqué trop souvent mais il s'y focalise, survolant l'enfance. Pierre Bergé a critiqué ce film sans doute à cause du point de vue le concernant !
Dans le premier nous pointions du doigt la façon dont il était montré, en pygmalion bienfaisant. Bonello nous montre un homme plus ambigu et moins vertueux tout en ne le montrant pas uniquement dans un mauvais jour. Bref il donne une version qui parait plus réaliste car, de toute façon plus humain. L'autre point de vue est la relation avec son autre grand amour, Jacques de Bascher ; évidemment Pierre Bergé ne doit pas apprécier... Mais là où Bonello sort grandit est la mise ne scène. Inventive, sophistiquée originale qui donne une oeuvre en adéquation avec l'artiste pour un biopic qui sort des sentiers battus, rebattus d'ailleurs par Jalil Lespert (relire ma critique lien en haut de page). Le montage destructuré donne également une autre dimension. La période 67-76 prend une grande partie car Bonello s'intéresse avant tout à l'homme derrière le génie, soit les failles d'un homme fragile mais qui doit rester génial aux yeux du monde (et de ceux de Pierre Bergé !). En prime Gaspard Ulliel est un Yves Saint-Laurent parfait, véritable clône l'acteur évite le mimétisme systématique (Pierre Niney bien qu'épatant avait ses limites sur ce sujet avec un surjeu dans le maniéré de l'artiste). Ulliel est beaucoup plus dans le naturel et la justesse. Le seule problème est sans doute la longueur, notamment les parties où Saint-Laurent (interprété par Hemut Berger) est plus âgé, elles sont les moins intéressantes et surtout sont un poil trop longues. Néanmoins cette version de Bonello-Ulliel est plus audacieuse et, dans l'esprit, semble mieux en adéquation avec le maitre Yves Saint-Laurent. La version Lespert-Niney souffre de la comparaison...
Note :