Mommy (2014) de Xavier Dolan

par Selenie  -  9 Octobre 2014, 16:07  -  #Critiques de films

Le phénomène québécois reviens avec son 5ème long métrage pour lequel on a rarement vu des critiques dithyrambiques aussi unanimes pour un film. A seulement 25 ans Xavier Dolan persiste et signe après "J'ai tué ma mère" (2009), "Les Amours imaginaires" (2010), "Laurence Anyways" (2012) et "Tom à la ferme" (2013)... Que de grands films avec un interlude l'année dernière où le jeune réalisateur-scénariste à créer le clip "College Boy" pour Indochine (2013). Une oeuvre non négligeable puisque c'est sur ce sublime clip qu'il prend goût au format 1:1 dit format carré dont il se défendra d'être un gadget d'un frime buzzophile mais un cadre idéal pour se focaliser sur les visages plutôt que sur l'environnement. Dans ce clip il y a aussi le jeune acteur Antoine-Olivier Pilon, 16 ans, qu'on avait déjà vu chez Dolan dans tout petit rôle dans "Laurence Anyways"... Cette fois Dolan lui offre un premier rôle étourdissant. Dolan est un fidèle et il en profite pour faire appel à ses deux actrices et muses que sont Anne Dorval (tous ses films sauf "Tom à la ferme") et Suzanne Clément (tous sauf "Les Amours imaginaires" et "Tom à la ferme")...

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Un trio d'acteurs qui portent le film dans un format dont on a pas l'habitude mais qui nous happe bientôt de belle manière, obnubilé et envoûté à chaque plan, à chaque image. Xavier Dolan déclare que, peut-être, ce film ferme la boucle avec son premier "J'ai tué ma mère". Dans le premier il "punissait" sa mère alors que là il lui rendrait justice. Ce n'est pas d'une flagrance frappante. Car si les rapports mère-fils sont au coeur du film le plus intéressant et, finalement, le plus au centre du scénario est le lien qu'entretiennent ce couple mère-fils avec la voisine, une maman isolée ayant un peu plus la tête sur les épaules et qui va les rendre sans doute un peu "meilleur". Le pilier de l'histoire, le centre de gravité est donc le personnage de la voisine Kyla qui devient leur amie, leur confidente, une tante, une soeur mais sans que jamais le duo mère-fille ne s'aperçoit que Kyla elle aussi a peut-être besoin d'eux. Le film a donc deux niveaux de lecture, et le lien mère-fils se fait voler la vedette. La mise en scène est toujours aussi originale et créative, Dolan offrant un nombre incalculable de plans et de scènes magnifiques. Comme à son habitude Xavier Dolan supporte tous les postes clés, réalisateur, scénariste, monteur, costumier et impose des choix musicaux qui paraissent audacieux mêlant Oasis et Dido à Andrea Bocelli en passant par Céline Dion ! Judicieux car impose ainsi un éclectisme auquel ne peuvent que se reconnaitre le grand public. L'intelligence de Xavier Dolan est de rester fidèle à son style tout en s'offrant la clef du box-office, à ajouter au Prix du Jury obtenu au dernier Festival de Cannes (ex-aequo avec Godard). En prime les trois acteurs qui sont à un niveau inouïe de justesse, de symbiose et du don de soi. Trois performances absolument démentes. En tous cas, pour une fois, le petit génie du Québec mets tout le monde d'accord avec ce film abouti, riche en émotion, qui se termine sur une dernière scène qui réussit l'exploit de mêler espoir et pessimisme. Un grand film assurément.

 

Note :               

 

17/20
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