Le temps des aveux (2014) de Régis Wargnier
Réalisateur des drames historiques comme "Indochine" (1992), "Est-Ouest" (1999), Man to Man (2005), Régis Wargnier revient à son genre de prédilection après les tentatives "Pars vite et reviens tard" (2006) et "La ligne droite" (2010)... Il retrouve le Siam plus de 20 après l'Oscar et le César pour "Indochine" en adaptant le roman autobiographique de l'anthropologue François Bizot "Le Portail" (2000) qui raconte son lien avec le Cambodge et surtout avec le tortionnaire Khmer rouge Douch. Evidemment on pense à la référence en la matière, le documentaire "Duch, le maitre des forges de l'enfer" (2011) de Rithy Panh...
Malheureusement Régis Wargnier signe là son plus mauvais film. Le prologue, dès la première minute, gâche la fin puisqu'on nous spoile d'emblée l'issue ! Belle reconstitution et d'excellents acteurs avec Raphael Perzonnaz (Bizot) et pour son premier rôle Phoeung Kompheak (Douch)... Mais c'est bien la direction d'acteur et les choix du réalisateur qui semblent peu inspirés. En effet Douch (ou Duch) est un homme au regard froid, vide de tous remords ou sentiments (il suffit de voir le documentaire sus-cité pour s'en convaincre) alors que Phoeung Kompheak le joue comme un simple soldat aux ordres, pour lequel on aurait presque de l'empathie, on ne voit que la gentillesse dans le syeux de l'acteur alors qu'on voit le diable dans le visage du vrai Duch. Le fait que le film ne montre pratiquement aucune horreur ni exaction forte par les Khmers rouges renforce cette sensation peu agréable et frustrante. Ensuite rappelons que François Bizot est antropologue, on se demande dès lors cette incroyable importance qu'il prend au sein du consulat et dans les pourparlers ?! D'ailleurs la relation entre Douch et Bizot, ligne directrice du film, est loin d'être traité à fond. Pourquoi et comment Douch s'attache-t-il à Bizot en seulement 2 mois de détention ?! 2 mois de détention qui font à peine la moitié du film... On en rajoutera pas sur le choix de Bizot entre deux femmes qui peut laisser perplexe... Il n'y a dans ce film ni l'émotion ni le souffle de ses meilleurs films. Wargnier passe à côté de son sujet pour une mise en scène trop solennel et trop figé. Dommage, une des grosses déceptions de l'année...
Note :