Une journée particulière (1977) de Ettore Scola
Après la comédie grinçante "Affreux, sales et méchants" (1976) le réalisateur italien Ettore Scola plonge dans ses souvenirs et nous plonge dans une des dates les plus trites de 20ème siècle. En effet le 8 mai 1938 Hitler et Mussolini se rencontre à Rome et pactise définitivement devant une foule enthousiaste, une foule où était prséent le jeune Ettore Scola alors membre des Jeunesses mussoliniennes... Dans ce contexte fort le réalisateur impose l'impact historique à coup d'images d'archives pour un prologue pesant. La bonne idée du réalisateur est de nepas mettre en image un film historique classique avec reconstitutions mais de nous rendre témoin de l'évènement par le prisme d'une rencontre improbable.
Celle d'une mère de famille nombreuse et modeste, omnubilée par le Duce avec un homme célibataire, homosexuel et intellectuel. Pour les deux rôles principaux Scola choisit deux stars (14 films ensemble !) immenses qu'il place dans des rôles à contre-emploi. Marcello Mastroianni, séducteur et symbole de l'homme à femmes, devient un homosexuel et Sophia Loren, sex-symbol des années 50-60, qui devient une matriarche soumise et vieillie, usée par 6 grossesses et une à prévoir comme le conseille l'endoctrinement fasciste... Deux magnifiques acteurs dans un quasi huis clos où, l'espace d'une journée, incarne deux personnes seules, marquées par la solitude et qui vont apprendre l'un de l'autre. Les dialogues sont particulièrement bien écrits, chaque répliques en dit aussi long sur lui que sur leur environnement. Si l'homosexualité est important on reste déchiré par la situation de Antonietta, mère esclave et prisonnière. N'oublions pas le troisième personnage important du film, l'immeuble lui-même. Cet édifice est construit selon un véritable immeuble (adresse : Viale XXI Aprile à Rome) style mussolien de 1934 qui était à l'époque un des plus hauts de Rome et qui était loué aux fonctionnaires mais où régnait pourtant un système de caste d'où une réplique du film, une femme disant à Antonietta qui ne peut se rendre à l'évènement : "C'est vrai, vous n'avez pas de bonne..." ... Sans conteste le plus beau film de Ettore Scola, l'un des plus beaux rôles de Sophia Loren, un très grand film dont le fond est aussi riche et intelligent que sa forme peut paraitre sobre et ennuyeux. A conseiller, à voir et revoir.
Note :