Ex Machina (2015) de Alex Garland
Premier long métrage pour Alex Garland qui officiait jusqu'ici dans l'ombre en tant que producteur et/ou scénariste notamment de "28 jours plus tard" (2002) de Danny Boyle et de l'excellent remake "Dredd" (2012) de Pete Travis. Pour son premier projet personnel il se lance dans le sous-genre de l'Intelligence Artificielle, une prise de risque tant ce sujet a inspiré le cinéma et pas des moindres. Citons pêle-mêle "2001 l'Odyssée de l'espace", "Blade Runner", "A.I.", "I Robot", "Moon", dernièrement "Chappie" et surtout "Her" qui nous revient en tête incessamment durant ce film... Autant dire qu'il y a du boulot pour que "Ex Machina" sorte du lot. Le titre fait référence à l'expression latine "Deus Ex Machina" signifiant "Dieu issu de la machine", expression tirée des tragédies grecques. Dans un huis clos hyper sécurisé deux hommes s'allient, s'entraident, se combattent, se méfient pour une "femme droïde" dotée d'une intelligence artificielle (donc), le but étant de savoir si effectivement cette intelligence a atteint un niveau tel qu'elle peut être autonome.
Le casting est donc composé quasi essentiellement de trois personnages, deux hommes Caleb et Nathan, joués respectivement par Oscar Isaac et Domhnall Gleeson (tous deux se retrouveront dans "Star Wars 7") et le grain de sable : Ava, interprétée par Alicia Vikander. Pour l'anecdote, ces trois prénoms sont tirés de la Bible, seul Ava semble logique (Eve). Pour les choix casting : celui de Nathan est judicieux, Domhnall Gleeson a cette forme d'innocence qui colle parfaitement au personnage un peu rêveur, Oscar Isaac en savant fou démontre une autre facette de son talent tandis que la charmante Alicia Vikander risque de confirmer son ascencion dans le cinéma mondial. L'atmosphère mystérieuse et lancinante manque de créativité mais sans s'y attendre l'histoire gagne en intérêt dès que les dialogues prennent leur ampleur, distillant de multiples interrogations plus ou moins philosophiques. Ensuite le récit prend une autre dimension lorsque l'ambiguité des personnages prend forme. Le scénario est en cela particulièrement réussi, passant du blabla scientifique (technique et philosophique) aux émotions qui submergent les protagonistes. Il manque peut-être un peu plus de chair, ce qui aurait montré également l'emprise insidieuse de Ava. Outre une fin qui a bien du mal à trouver la sortie idéale, la plus mauvaise scène est une invaisemblable mue en kit techniquement poussive. Dommage quand on sait que la cohérence scientifique du film repose tout de même sur les travaux du roboticien Murray Shanahan. Néanmoins le film offre aussi quelques scènes sublimes dont une danse singulière et fascinante avec Caleb. Entre "Frankenstein", "Her" (2014) de Spike Jonze et "Eva" (2011) de Ike Maillo. Ce film est intéressant et prenant à défaut d'être une complète réussite.
Note :