Tale of Tales (2015) de Matteo Garrone

par Selenie  -  2 Juillet 2015, 16:38  -  #Critiques de films

Après l'adaptation du "Decameron" de Boccace dans "Contes Italiens" (2015) des frères Taviani voici une autre adaptation, cette fois celui du "Pentamerone" (1634-1636) de Giambattista Basile, le Conte des Contes qui a fortement inspiré Charles Perrault et les frères Grimm. Une cinquantaine de contes considérés comme les plus anciens du genre dont le réalisateur-scénariste a choisi 3 contes seulement et qu'il a tenté de relier entre eux. Evidemment le fait de choisir seulement 3 contes est à la fois un atout (plus facile à rendre cohérent) et aussi le plus dangereux (est-ce les 3 plus judicieux ?!).Le réalisateur Matteo Garrone, auquel on doit l'excellent "Gomorra" (2008), est plus habitué au réalisme et il semble que c'est un premier problème. Il a voulu allier réalisme et fantastique dans un style baroque.

440695.jpg (160×217)Tale of Tales - Critique sur Intervista

Résultat on ressent beaucoup trop la modernité qu'il a voulu insuffler à l'oeuvre. Si les décors et les costumes sont de toutes beautés il ne s'agit pas de mettre en image le fantastique des contes pour qu'on y ressente tout le merveilleux. Il manque trop souvent la magie ambiante digne des contes, ce sentiment de vivre une chose hors du temps... Les créatures restent particulièrement sages et discrètes, le monstre étant souvent l'être humain. On voit la modernité du propos, Matteo Garrone appuie un peu plus la morale des contes et dénonce les obsessions d'aujourd'hui et surtout féminines comme être toujours plus jeune, vouloir un enfant à tout prix seul s'il le faut, le mariage forcé, la lutte des classes... Malheureusement à force de vouloir soigner le fond le réalisateur en oublie presque la forme et ses contes. La mise en scène est soignée mais manque un peu de folie, elle nous offre tout de même quelques plans et scènes magnifiques (Dora sortant des bois, la course de de la reine vêtue de rouge...). Les acteurs jouissent de leur performance et du monde qui les entoure, outre Salma Hayek (divine dans un de ses meilleurs rôles) et Vincent Cassel (prince lubrique) on reconnait Stacy Martin (révélation de "Nymphomaniac"  de Lars Von Trier) et on salue le jeu de Bebe Cave. Finalement Matteo Garrone manque surtout d'audace et reste trop sage, on ne retrouve pas assez l'érotisme et la violence des contes. Un beau projet qui aurait du être monté par un réalisateur au monde personnel plus marqué comme Terry Gilliam, voire Christophe Gans ou même Steven Spielberg.

 

Note :            

 

11/20
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