The Program (2015) de Stephen Frears
Après "Philomena" (2013) Stephen Frears s'attaque à un sujet pointilleux, porté à la controverse et populaire, ou comment décrypter et retracer le parcours épineux du cycliste Lance Armstrong. Un sujet qui semble éloigné du réalisateur qui a toujours oscillé entre film historique comme "Les Liaisons dangereuses" (1989) et "The Queen" (2006) ou les films à dimension sociale comme "The Van" (1996) et "Dirty Pretty Thing" (2002). Pourtant à y regarder de plus près pourquoi pas ? L'affaire Armstrong fait clairement partie de l'Histoire (du sport) et la dimension sociale n'est pas à négliger dans un sport qui est extrêmement populaire. Frears s'est adjoint le fidèle scénariste de Danny Boyle ("Trainspotting" à "Trance") pour adapter le livre "Sept péchés capitaux : ma poursuite de Lance Armstrong" du journaliste David Walsh, lui-même conseiller sur le film comme le champion cycliste David Millar (pour ceux qui connaissent).
L'évidence est la recherche du réalisme et de la réalité dans les faits. Il ne s'agit nullement d'un biopic sur Lance Armstrong mais bien d'un trhiller sportif qui suit le parcours incroyable d'un sportif rongé par l'ambition et un égo surdimensionné. Le premier bon point est le choix de l'acteur judicieux avec Ben Foster (vu dans le film de guerre "Du sang et des larmes" en 2013), une ressemblance frappante (juste une prothèse sur le nez) et une performance d'acteur monstrueuse avec un charisme inédit. Sinon le journaliste David Walsh est interprété par un très bon Chris O'Dowd et le médecin dealer par le frenchy Guillaume Canet (avec une voix VF honteusement exécrable). L'autre excellent point est justement le scénario. Le récit allant du titre de champion du monde sur route en 1993 aux aveux télés de 2013. C'est 20 ans qu'il faut résumer en 1h45. Un scénario dense qui va droit au but, fluide tout en se servant utilement d'images d'archives pour des ellipses nécessaires. Aucune scène n'est superflue et a son importance. Le récit retrace de belle manière 20 ans de cyclisme et de Tour de France, démontre toute l'omerta du peloton (et pas que), les enjeux financiers... Tous ces paramètres qui restent toujours compréhensibles, en seulement 1h45 c'est du super boulot. Il y a bien des scènes maladroites (l'assaut de la maison du médecin surtout) mais sans gravité. En prime, une BO rock très sympa et des détails techniques qui permettront aux plus pointus dans le domaine de savourer comme l'utilisation des vrais vélos des différentes époques. Au passage on se régale de quelques visites mythiques de l'Alpe d'Huez ou du Col du Galibier. Le dernier point c'est que le film n'est jamais (uniquement) un dossier à charge, le mal étant toujours contre-balancé par d'autres enjeux. Un vrai bon film qui plaira au plus grand nombre et pas aux seuls amateurs de vélos.
Note :