Le Hussard sur le toit (1995) de Jean-Paul Rappeneau
Adapté du roman éponyme de Jean Giono ce film a été, à l'époque, le film le plus cher du cinéma français avec un budget de 176 millions de francs (26 millions d'euros). Une reconstitution riche et minutieuse de l'époque qui nous plonge parfaitement en cette année 1832, pendant une épidémie de choléra où un jeune noble révolutionnaire italien fuit ses poursuivants et rencontre en ces temps troublés une femme noble qui recherche son époux. Réalisé par Jean-Paul Rappeneau, à qui on doit notamment "Cyrano de Bergerac" (1990) Jean-Claude Carrière, le réalisateur s'est d'ailleurs fait une spécialité du film historique avec aussi "Les mariés de l'an II" (1971). L'histoire se déroule dans la région de Manosque (ville où a vécu pratiquement toute sa vie Jean Giono), une très belle région à laquelle le réalisateur rend parfaitement justice. Rappeneau n'en reste pas là, il a compris l'essence même du livre.
Notamment il faut préciser qu'il n'y a pas eu réellement d'épidémie à cette époque en France, et que le choléra est avant tout symbolique. En effet le choléra dans le récit n'est finalement qu'un révélateur de l'être humain et de ses peurs. Ceux qui attrappent le choléra sont ceux qui se retrouvent face à eux mêmes, dans toute leur haine, peur, égoïsme... etc... La preuve en est que le jeune Angelo ne l'attrape pas, il méprise les peureux et le fait d'ailleurs savoir. C'est la peur du choléra qui tue et non la maladie elle-même. La grande force du film est là, Jean Giono apprécierait sans nul doute. Emmené par un casting prestigieux mais pas toujours judicieux (Isabelle Carré, Pierre Arditi, Gérard Depardieu, Daniel Russo, Jean Yanne, Yolande Moreau, François Cluzet) on se focalise évidemment sur le couple vedette Juliette Binoche et Olivier Martinez. Juliette Binoche est au sommet de sa beauté et est déjà l'une des plus grandes actrices françaises. Olivier Martinez est un jeune acteur encore méconnu, il interprète un Angelo parfois agaçant. Il est un peu trop le Roméo parfait et idéal tandis qu'il manque un peu de la violence qui l'habite pourtant dans le roman de Giono. Un soupçon d'onirisme et d'allégorie, un peu de lyrisme et du romanesque, du cape et d'épée pour l'aventure, une tragédie en fond et voici un grand film qui reste malheureusement trop sous-estimé. Un joli succès au temps de sa sortie en salle avec 2,5 millions de spectateurs et 2 Césars sur 10 nominations.
Note :