Free Love (2016) de Peter Sollett
Inspiré de faits réels, énième, ce genre de précision devient très éculée mais parvient toujours à assurer un gage de sérieux, une valeur sûre. Il s'agit en effet de l'histoire vraie de Stacie Andree et Laurel Hester, cette dernièreest décédée d'un cancer en 2006. Le scénario a été écrit sur la base du documentaire éponyme réalisé par Cynthia Wade. Autant dire que le matériau de base est là, scolaire et directement lié aux faits. Comme réalisateur le choix s'est porté sur Peter Sollett, qui signe ici son troisième long métrage et sans doute son film le moins personnel après l'essai ciné d'auteur prometteur "Long Way Home" (2002) et la Rom Com "Une nuit à New-York" (2008). Cette fois le cinéma "sérieux" ne semble pas lui avoir donné la fibre créatrice avec une mise en scène aussi académique qu'ennuyeuse, voire statique et sans âme. Il faut dire que si cette histoire a, en son temps, fait bouger les choses au niveau américain, c'est aussi une histoire qui n'arrive pas vraiment à décoller. Sans doute parce que le scénario s'est banalement copié-collé à un documentaire.
Le film s'attache donc à une simple reconstitution sans y ajouter le supplément d'âme nécessaire pour le grand écran. Et pourtant quel casting ! Michael Shannon (minimum syndical), Steve Carell qui retrouve Julianne Moore après "Crazy, Stupid, Love" (2011) de John Requa et Glenn Ficarra, et Ellen Page dans un rôle qui lui sied à ravir depuis son coming-out médiatisé à une conférence Gays et Lesbiens en février 2014. Julianne Moore semble prendre un abonnement et retrouve un rôle similaire à celui qui lui a valu l'Oscar pour "Still Alice" (2015) de Richard Glatzer et Wash Westmorland. Mais le film de 1h44 déroule son récit comme une lettre à la poste, en vitesse de croisière mais sans surprise ni émotion, avant d'arriver au final fatidique où les mouchoirs prévus et voulus par la production arriveront bel et bien. On s'agace des caricatures gays (une féminine, l'autre masculine, agression homophobe,...) et on se dit "mais si Ellen Page accepte alors pourquoi pas nous" ?! Le sujet abordé et très actuel ajouté au crédit apporté à l'histoire vraie font qu'il est toujours difficile d'être trop sévère. Néanmoins, niveau drame on a vu mieux, notamment plus de passion (le début de la relation est dénué de sentiments, ou du moins trop rapide pour être étoffé) dans le couple. Il s'agit d'un "Love Story" lesbien intéressant mais pas passionnant.
Note :