Éperdument (2016) de Pierre Godeau

par Selenie  -  3 Mars 2016, 18:00  -  #Critiques de films

Après la chronique médiocre sur une jeune femme un peu paumée avec "Juliette" (2012), le réalisateur-scénariste Pierre Godeau adpate le livre "Défense d'aimer" (2012) de Florent Goncalvès. Ce dernier n'est autre que l'ex-directeur de prison dont il est question ici, connu pour avoir entretenu une liaison avec une prisonnière, Sorour Arbabzadeh, condamnée dans l'affaire du Gang des barbares qui a défrayé la chronique début 2006... Tournée à la prison de la Santé, le réalisateur nous plonge au sein d'une maison d'arrêt mais en se focalisant essentiellement sur ses deux personnages. Renommés Jean et Anna (pour Florent et Sorour) les personnages sont interprétés par deux acteurs brillants tous deux primés aux Césars 2014, Guillaume Gallienne pour "Les garçons et Guillaume, à table !" (2013) et Adèle Exarchopoulos pour "La Vie d'Adèle" (2013) de Abdellatif Kechiche.

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Les deux acteurs issus de milieux bien différents (Gallienne de la Comédie Française et Exarchopoulos sans bagage autre que l'instinct) sont parfaits, leur décalage naturel servant à merveille le décalage existant déjà entre la détenue et son geôlier. Le travail des comédiens n'est d'ailleurs pas à minimiser, notamment Gallienne qui a voulu un physique à la Keanu Reeves, pour bien montrer sa réussite mais qui ne fait finalement qu'illusion. Les acteurs sont excellents (ainsi que les seconds rôles tenus pour certains par des ex-détenues) et la mise en scène, bien que classique, s'immisce idéalement dans les locaux pénitenciaires. Malheureusement le scénario occulte des parties pourtant inévitables comme les raisons de l'emprisonnement de Anna (Sorour). Jamais dans le film n'est expliqué le pourquoi du comment et encore moins insinué. Rappelons, sans entrer dans les détails, que le gang des Barbares porte bien son nom ! Elle n'est donc pas une sainte, loin de là, et le fait que le film passe sous silence tout un pan de son histoire est tout de même bien fâcheux. Il est un peu facile de juste se focaliser sur une sorte de coup de foudre déjà difficile à comprendre. Comme souvent dans le cinéma français, on édulcore pour aller à l'essentiel, quitte à rester lisse. Un scénario qui manque cruellement de courage. Résultat il manque beaucoup d'émotion, heureusement que les passages familiaux compensent les vices de chair... Et pas que... À l'instar du titre aussi peu inspiré que boursouflé, le sujet qui méritait mieux. Mais c'est un film qui reste intéressant et relativement bien fait si on réussit à faire abstraction du côté judiciaire. C'est pas gagné.

 

Note :            

 

12/20
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