Five (2016) de Igor Gotesman
Igor Gotesman réalise, signe et joue dans ce premier long métrage où il adapte son court-métrage "Five" (2011) et retrouve pour l'occasion ses vrais potes François Civil (déjà dans le court) et Pierre Niney avec qui il travaille sur la série "Casting". On y ajoute le black Idrissa Hanrot et la nana Margot Brancilhon. Le réalisateur-scénariste-acteur avoue s'être inspiré de Judd Apatow ("Supergrave" et "En cloque mode d'emploi") et de Cédric Klapish ("Le Péril Jeune" et "L'Auberge Espagnol") et on se dit qu'effectivement le mixte des deux styles donne un potentiel énorme qui ne peut qu'ouvrir des perspectives. Malheureusement Gotesman s'est surtout laissé aller vers Apatow et en a oublié d'ajouter le sel et surtout le poil à gratter. En effet, la critique bourgeoise prend l'eau pour devenir juste un mirage, les 5 amis sont un panel caricatural qui prouve un manque total d'innovation et la vulgarité est omniprésente.
Un petit message pour dire qu'un black peut aussi réussir dans les études et reste un queutard, le petit grassouillet est celui qui a la tête sur les épaules, le gros fumeur de joint (maintenant il y a un quota pour chaque film, vous saviez pas ?!) et une femme de caractère est obligatoirement celle qui parle comme un chartier plus que ses copains ! On constate vite que ce film a eu son budget surtout grâce à sa star bankable Pierre Niney qui fait son show (avec envie !), et qu'il fait la paire avec François Civil, à eux deux ils poussent au second plan les trois autres "amis". Niveau casting on apprécie surtout l'auto-dérision des guests stars qui font mouche avec notamment Bruno Lochet, Pascal Demolon et Fanny Ardant. 5 potes qui ne trouvent rien d'autres solutions que de dealer (évidemment, ça coule de source ! C'est la mode), qui ont environ 20-23 ans mais qui se comportent à chaque instant comme s'ils en avaient 15 ; même dans leur connerie il peut y avoir une nuance importante ("Very Bad Trip" par exemple). Igor Gotesman a choisi deux paramètres aussi éculés que navrants, la banalisation de la drogue et le pipi-caca-prout au lieu d'en faire un road-trip délirant. Bref on aurait aimé plus "Les Trois Frères" + "Bienvenue chez les Ch'tis" plutôt que "La Beuze" + "Babysitting", ou mieux, l'idée originelle d'un Klapish+Apatow. Par contre tout n'est pas mauvais, il y a de bons passages, de bonnes idées mais souvent montées en pagaille, avec facilité et maladresse. On a la sensation qu'au moment du tournage il y a eu une belle osmose, une belle effervescence mais qu'en amont le projet a manqué de travail. Une certaine fraicheur due à l'énergie ambiante mais ça reste terriblement en deça de ce à quoi on pouvait s'attendre. Déception.
Note :