Virus (1980) de Kinji Fukasaku
Ce film fut en son temps la production japonaise la plus chère de l'histoire avec un budget de 16 millions de dollars, suite au désir des producteurs de se lancer dans les productions internationales d'où, ici, un casting tout aussi international qu'hétéroclyte. Pêle-mêle citons les vétérans Glenn Ford, Robert Vaughn et George Kennedy mais aussi Chuck Connors, les japonais Masao Kusakari et Isao Natsuyagi, la belle argentine Olivia Hussey et le suédois Bo Svenson connu grâce à son rôle dans "The Inglorious Bastards" (1978) de Enzo G. Castellari première inspiration pour le film (presque) éponyme (2009) de Tarantino dans lequel il fait une apparition... Le film rassemble tous les ingrédients typiques des années 80 avec peur de la guerre nucléaire, virus apocalyptique et Guerre Froide. Oublions la version courte qui n'a aucun intérêt. La "vraie" version de 2h36 offre une vision terrifiante d'un futur proche.
Où comment la Guerre Froide déclenche un virus issu d'une expérience d'arme bactériologique avant qu'ensuite, le peu de survivants, doivent lancer une mission suicide pour éviter une guerre nucléaire totale alors même que la planète est déserte et inhabitable ! L'apocalypse la plus terrible où des missiles nucléaires succèdent à un virus batériologique tandis que 855 hommes et 8 femmes doivent survivre et penser à perpétuer la race humaine... Si le film est terrifant de part la nature même des armes incontrôlables créées par l'homme, on reste béat devant le sacrifice inouï de ces 8 femmes pour assouvir les besoins "inévitables" de ces 855 hommes ! Si le film a sans doute assez mal vieilli dans ses thématiques et les façons de les aborder, le réalisateur Kinji Fukasaku (futur réalisateur de "Battle Royale" en 2000) signe un film réellement apocalyptique qui fait froid dans le dos. A défaut d'un réel suspense il instille une angoisse palpable où le pessimisme prend le dessus même dans les moments d'espoirs. Quelques invraisemblances et maladresses (appel radio de l'enfant de 5 ans, la problématique du ravitaillement, le Pôle Nord ?!...) empêchent le film d'atteindre les sommets mais le montage et le réalisme étouffant font que ce film catastrophe teinté de survival a tout du film culte. Un film qui est tombé dans le domaine public et qui mérite le détour tant il est riche d'idées et de tragédies. On frôle sans doute le nanard mais le scénario est assez prenant pour tenir en haleine et finalement on frôle tout autant le chef d'oeuvre. Un film étonnant, ambitieux et audacieux qui est aussi, malheureusement, un peu bancal. A voir !
Note :