Julieta (2016) de Pedro Almodovar

par Selenie  -  19 Mai 2016, 16:41  -  #Critiques de films

Après un interlude avec la comédie "Les Amants passagers" (2013), le plus grand réalisateur espagnol revient avec un film dans la veine de sa meilleure période de "Tout sur ma mère" (1998) à "Etreintes brisées" en passant par son chef d'oeuvre "Volver" (2005). Ses thématiques sont toujours au centre, la famille et ses secrets qui pèsent sur les destins avec une importance capitale de la femme. Adapté de trois nouvelles du recueil de Alice Munro "Hasard", "Bientôt" et "Silence", Almodovar a réécrit très librement ces oeuvres pour un scénario dont le canevas est typique du style Almodovar, à la fois dense et nébuleux. Pour une des rares fois le réalisateur a fait appel à deux actrices principales qui n'avaient encore jamais travaillé avec lui. La belle Emma Suarez qui joue Julieta à 50 ans et la sublime Adriana Ugarte qui la joue à 30 ans.

428988.jpg (529×720)110660175_o.jpg (1080×720)

Ces deux actrices incarnent l'héroïne chacune à leur manière tout en étant dans la filiation. Deux performances vraiment magnifiques. Néanmoins, le réalisateur a fait aussi appel à une fidèle, la délirante et étonnante Rossy De Palma (7ème film ensemble !). On peut aussi préciser que la BO est signée du compositeur Alberto Iglesias, fidèle à Almodovar depuis 20 ans... Dans cette histoire de culpabilité et de deuil il y a toujours cette fatalité teintée de noirceur, toujours contre-balancée par des couleurs chaudes et omniprésentes. Bref, on est bel et bien dans un film de Almodovar comme on peut être dans un film de Allen. Néanmoins, cette fois il manque une chose à cette histoire pour vraiment y plonger sans arrière-pensée. On a bien du mal à croire à l'importance des conséquences vis à vis de la cause première. Les tenants et aboutissants aux regards de cette culpabilité sont un peu tirés par les cheveux, on se dit tout ça pour ça (surtout le personnage de Antia). La soit-disante responsabilité n'est pas très probante et empêche de nous émouvoir vraiment. Ce lien entre tragédie et culpabilité manque de corps et d'élément de valeur. Le vrai et seul bonus reste les performances des actrices toutes assez inouïes. Le scénario est magnifiquement écrit comme à son habitude: des méandres, des destins, des secrets toujours et encore , malheureusement dans le fond on reste sur notre faim. Un joli film mais qui reste une déception pour un Almodovar.

 

Note :             

 

12/20
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :