English Revolution (2013) de Ben Wheatley
Ben Wheatley est sans doute le meilleur réalisateur britannique nouvellement sorti de l'ombre. Avec seulement 4 films du toujours inédit chez nous "Down Terrace" (2009), son chef d'oeuvre "Kill List" (2011), l'excellent "Touristes" (2012) et dernièrement "High Rise" (2016) il a su imposer un style personnel et original où il passe d'un genre à l'autre dans un même film. Ne vous fiez pas aux apparences !... A noter que le scénario est signé une nouvelle fois de sa compagne Amy Jump. Cette fois ils nous emmènent dans un champs (d'où l'importance du titre en VO "A field in England") lors de la Première Révolution anglaise (1642-1651) où un groupe d'hommes vont co-habiter à la recherche d'un trésor (ou pas) après avoir ingéré des champignons hallucinogènes. Si le film d'époque ne fait aucun doute, le contexte n'est finalement que peu important car ici vous ne verrez rien en lien avec les faits historiques, en lien avec une quelconque révolution, les batailles restent l'apanage d'un fond sonore inquiétant et d'un hors champs juste nécessaire.
Si l'époque est lointaine, les personnages pourraient être tout à fait contemporains au détail près que l'alchimie et les sciences occultes ont une place non négligeables ce qui fait écho à l'attirance du réalisateur pour les sociétés plus ou moins secrètes. Entre Stanley Kubrick et David Lynch voire Jim Jarmush, le réalisateur nous plonge dans une virée onirique et décalée, théâtrale et envoûtante. Malgré ces champignons malencontreux point de bad trip visuel mais des rapports entre les protagonistes qui vont se déformer pour offrir des scènes champêtres et surprenantes dont une scène marquante, tournant du film, où le prisonnier devient une sorte de sorcier tenant en laisse une sorte de medium illuminé. Au casting limité (seulement quelques personnages) Wheatley retrouve des acteurs qu'il connait bien comme Sara Dee qui joue la Voix du Champs (présente dans tous ses films) et Michael Smiley (déjà dans "Down Etrrace" et "Kill List") et les nouveaux venus dans le monde Wheatleyien Peter Ferdinando et Reece Shearsmith qui seront plus tard dans "High Rise". Sans aucun doute le film le plus expérimental du réalisateur, le plus difficile à suivre, le plus unique, le plus lent, le plus atypique mais c'est celui qui manque aussi sans doute le plus de rythme et d'un récit plus constructif. Néanmoins Ben Wheatley persiste et signe pour un cinéma différent et audacieux, avec un style qui ne demande qu'à se développer. Vivement la suite.
Note :