Le Chacal (1998) de Michael Caton-Jones
Un film souvent vu comme un remake, certains diront que c'est une nouvelle adaptation du roman, au final ce film doit se situer un peu entre les deux et à la fois nulle part !... Donc, adapté du roman "Chacal" (1971) de Frederick Forsyth et/ou remake du magnifique "Le Chacal" (1972) de Fred Zinneman lui-même tiré du roman le film de Michael Caton-Jones a pourtant tout ce qu'il faut pour être un bon film... Que ce soit les deux oeuvres précédentes le matériau d'origine est solide et inspiré, ou que ce soit l'équipe et le budget on est dans du haut de gamme. Le réalisateur n'est pas de la stature de Zinneman ("La train sifflera trois fois" en 1952 et "Tant qu'il y aura des hommes" en 1953) mais on lui doit tout de même quelques bons moments avec "Memphis Belle" (1990), "Blessures secrètes" (1993), "Rob Roy" (1995) et "Shooting Dogs" (2005). En tête d'affiche on trouve deux acteurs alors au sommet avec Bruce Willis sortant tout juste de "Le Cinquième Elément" (1997) de Luc Besson et Richard Gere alors entre "Red Corner" (1997) de Jon Avnet et avant de tourner la RomCom "Un automne à New-York" (2000) de Joan Chen. En prime Sydney Poitiers dans un de ses derniers "grands" rôles et Diane Venora qui est dans ces années-là à son apogée avec des films comme "Heat" (1996) et "Révélation" (1999) de Michael Mann. On reconnaitra aussi l'actrice française Mathilda May (?!) et J.K. Simmons encore méconnu avant le succès de la trilogie "Spiderman" (2002-2004-2007) ,de Sam Raimi et avant la reconnaissance internationale avec "Whiplash" (2014) de Damien Chazelle.
À y regarder de plus près on peut penser qu'il s'agit avant tout d'un remake notamment quand on sait que le scénario est co-signé par Kenneth Ross déjà à l'oeuvre sur le film de Fred Zinneman. Mais de grosses différences se font. Le film de Zinneman est un pur thriller psychologiquement plus travaillé et politiquement beaucoup plus audacieux. Le film de Caton-Jones est un simple polar hollywoodien. En effet, ici on oublie l'assassinat de De Gaulle et l'OAS, on est simplement dans un système de tueurs à gage mafieux sur une vengeance tout ce qu'il y a de plus scrupuleux et gratuit. La portée du propos est aussi singulière qu'éculée. Et pourquoi pas ?! Malheureusement le scénario est trop convenu et surtout pêche par plusieurs invraisemblances et/ou maladresses. D'abord on sourit devant le jeu des déguisements du personnage joué par un Bruce Willis qui en rajoute de surcroît des tonnes et des tonnes, Sydney Poitiers n'est pas en reste par ailleurs sur le surjeu. Ensuite l'arme choisie est assez rocambolesque voire grand guignolesque, un teur à gage qui reste inconnu depuis 20 ans, un grand pro qui se risquerait à si peu de discrétion ?! Le lien avec l'IRA (pour les personnage de Richard Gere et Mathilda May) est lui tout aussi peu crédible, on a bien du mal à croire à leur nationalité irlandaise. Pourtant, outre les facéties de Willis, les acteurs ont l'air d'y croire et la mise en scène est assez efficace pour faire illusion grâce notamment aux rebondissements. Mais cela reste un film assez vain, il donne surtout envie de revoir la version de Zinneman, pas si mal me direz-vous !
Note :