Elvis and Nixon (2016) de Liza Johnson
Voilà un film assez audacieux sur une anecdote méconnue, vendu comme incroyable mais vrai sur la rencontre improbable entre le président des Etats-Unis nouvellement élu Richard Nixon et le King Elvis Presley. Il s'agit donc de raconter le rendez-vous entre les deux hommes les plus puissants du monde dans leur domaine : le policier du monde Nixon, tout juste élu et le king méga star de la musique qui s'est déroulée le 21 décembre 1970 alors qu' Elvis voulait aider son pays en voulant obtenir le badge d'agent fédéral. Nixon, qui avait besoin d'un appui de taille pour toucher les couches de population, le haïssait... Un tel sujet a déjà connu une adaptation télé "Elvis meets Nixon" (1997) de Allan Arkush mais cette fois c'est pour le cinéma. Evidemment on se rappelle aussi un autre face à face avec l'excellent "Frost/Nixon" (2009) de Ron Howard avec dans les rôles respectifs Martin Sheen et Franck Langella. Cette fois un tel sujet valait plutôt une comédie plutôt qu'un thriller politico-journalistique. Ici Elvis Presley est interprété par Michael Shannon (retour au calme après les blockbusters "Batman VS Superman : l'aube de la Justice" de Zack Snyder et "Midnight Special" de Jeff Nichol), et Nixon est joué par Kevin Spacey (retour sur grand écran après le dyptique "Qui veut tuer mon boss ?" (2011-2014) qui s'y connait en bureau oval grâce à sa série TV "House of Cards" (2013-...)...
1er bémol : si Spacey est un Nixon assez crédible, on a besoin d'une réelle concentration pour croire à un Elvis/Shannon tant la ressemblance n'y est pas. Néanmoins on se laisse (un peu) aller tant le jeu est bon, investi, habité et léger à la fois. Pour l'anecdote les deux acteurs ont en commun d'avoir été le méchant de service contre Superman, Shannon ayant été le Général Zod dans "Man of Steel" (2013) de Zack Snyder et Spacey a été Lex Luthor dans "Superman Returns" (2006) de Bryan Singer. Ils ont été également tous deux nommés à l'Oscar dans un film de Sam Mendes, Shannon pour "Les Noces Rebelles" (2009) et Spacey pour "American Beauty" (2000)... Le film est réalisé par Liza Johnson, qui retrouve pour l'occasion Michael Shannon avec qui elle a tourné son second film "Return" (2011), déjà avec Michael Shannon. Passé la problématique de la ressemblance physique des deux protagonistes, le film s'avère terriblement bon, savoureux de part le décalage entre Elvis et Nixon, amusant dans les réactions et rencontres des gens "normaux", avec en prime une bande son surprenante de morceaux cultissimes des sixties mais hors rock'n roll et hors Elvis Presley, une idée qui peut paraitre surprenante mais diablement judicieuse afin de rappeler le contexte politique américain et la volonté de Elvis d'aider son pays. Malheureusement le scénario traite les deux personnages de façon trop différente pour ne pas dire trop manichéenne. Nixon se retrouve certe cynique et hautain mais il reste dans une certaine mesure "acceptable" alors que Elvis est montré en tant qu'illuminé, voire presque crétin. L'humour est ainsi déplacé, pour Nixon ce sont les dialogues et les situations tandis que pour Elvis c'est lui-même le dindon de la farce. Même s'il s'agit d'une comédie, la clownerie spécifique à Elvis gêne et rend le personnage trop peu crédible. Heureusement les acteurs sauvent les meubles à leur niveau, et plusieurs passages sont de belles réussites quoi qu'on fasse ou qu'on pense, plus que cette rencontre c'est le processus qui reste assez jouissif et imaginer Elvis en dingo qui veut absolument devenir un agent fédéral en infiltration incognito ça vaut le détour !
Note :