Hijacking (2012) de Tobias Lindholm
Le cinéma danois est en pleine effervescence, après Lars Von Trier, Thomas Vinterberg puis Nicolas Winding Refn et Anders Thomas Jensen, voici Tobias Lindholm qui semble ne rien avoir à envier à ses ainés. Après avoir été remarqué pour son film coup de poing "R" (2010) décrit comme un mixte entre "Pusher" (1996-2004-2005) de Nicolas Winding Refn et "Un Prophète" (2009) de Jacques Audiard, le réalisateur signe "Hijacking" sorte de docu-fiction hyper réaliste avec lequel il persiste et signe d'un talent certain. Si le joli succès et la reconnaissance critique sont bien là, le petit danois sera malheureusement un peu oublié ensuite par l'arrivée du mastodonte et néanmoins excellent "Capitaine Phillips" (2013) de Paul Greengrass avec la star Tom Hanks sur le même sujet - à savoir les attaques pirates aux abords des côtes somaliennes... Si le film de Greengrass a une star mondiale en tête d'affiche et un budget environ 50 fois plus élevé, le réalisateur danois fait montre d'une réelle économie de moyen et lui permet de signer un film certe moins impressionnant dans la forme mais avec une dimension psychologique plus forte et surtout avec un point de vue nettement moins politico-militaire.
Un cargo est donc piraté, se jouent ensuite les discussions et marchandage sur la rançon de 15 millions de dollars demandée par les pirates somaliens. Le scénario se décompose en deux points de vue, le premier est le quotidien sur le bateau des marins avec leurs ravisseurs et le second se focalise dans les coulisses des tractations entre l'armateur et le leader des pirates. Très peu de violences physiques pour beaucoup de tensions psychologiques et de détresse morale avec une pression palpable dans le bureau de l'armateur. Non tiré d'une histoire vraie mais plutôt inspiré de différentes affaires, Tomas Lindholm signe un thriller psychologique fort et puissant, jamais manichéen, toujours humain, avec une volonté de montrer surtout la détresse émotionnelle qui frappe les protagonistes dans un tel moment. On peut néanmoins se poser des questions sur le fond, notamment sur l'absence de l'état, sur la morale (payer les terroristes ?!). Le film est emmené par deux acteurs discrets mais terriblement bons, le négociateur de l'armateur est joué par Soren Maling vu récemment dans "Men and Chicken" (2016) de Anders Thomas Jensen et surtout le cuisinier du cargo est interprété par Pilou Asbaek qui était déja dans "R" et qui joue dans le 3ème film de Lindholm "A War" (2016), qu'on conseille fortement également... Un film rigoureux, terriblement vrai qui montre une autre facette et une autre option à "Capitaine Phillips", les deux font d'ailleurs un dyptique intéressant et s'enrichissent mutuellement. A voir et à conseiller.
Note :