Toni Erdmann (2016) de Maren Ade
Voici donc le film évènement du dernier Festival de Cannes. En effet "Toni Erdmann" a été le vrai et seul véritable favori de cette dernière édition, favori autant critique que public à l'exception notable du jury à la surprise générale. 3ème long métrage de Maren Ade après "The Forest for the trees" (2003) et "Everyone Else" (2008) cette co-production austro-allemande a donc fait sensation au 69ème Festival de Cannes avec des appels dithyrambiques tels que "à hurler littéralement de rire" (Le Figaro), "L'un des plus beaux fous rires de Cannes" (Le Parisien), "Une comédie hilarante et émouvante" (Télérama) ou encore "D'une audace infinie" (Le Monde) !... Une réception critique qui fait évidemment saliver et qui rend curieux d'autant plus qu'il s'agit d'un film allemand d'une durée non négligeable de 02h40 !...
Et force est de constater que "Toni Erdmann" est très surestimé à tout point de vue mais surtout, ce film est tout sauf hilarant. Le vrai premier défaut est justement l'humour. Pas un rire, d'autant plus logique qu'il ne s'agit nullement d'une comédie pure puisqu'on est largement plus dans une comédie dramatique de moeurs, chronique familiale focalisée sur la relation père-fille calquée sur le contraste des clown blanc et clown auguste. La fille est un pion capitaliste froide et amère, voire frigide et aussi dépressive que déprimante tandis que le père est un clown austère, presque triste mais qui lutte pour que la vie soit aussi synonyme de bonheur et de liberté. Au vu du scénario les 02h40 paraissent bien longues mais il faut bien ça pour arriver à être touché par la fille tant Inès nous est antipathique (envie de la gifler pour la réveiller !). L'intelligence du scénario est basée sur cette évolution où la fille finit par être touchée par son père qui, lui, est tout aussi seul que sa fille. Son bonheur n'étant évidemment pas lié à celui de sa fille. Sur les 02h40 seule la dernière demi-heure nous permet de détendre nos zygomatiques. Le reste, bien que semé de scènes plus ou moins loufoques, est surtout semé de scènes pathétiques certes humaines mais qui ne nous touchent pas toujours (la scène d'amour ?!). Heureusement l'osmose entre les acteurs Peter Simonischek et Sandra Hüller fonctionne bien, et leur jeu est en adéquation avec le fond de cette histoire filiale. On le rappelle rien dans ce film n'est hilarant, c'est une chronique douce-amère où un père fait des gags plutôt pitoyables pour tenter de rendre heureux sa fille malgré sa propre solitude. Un joli film tragi-comique qui aurait gagné à raccourcir largement mais ce n'est indéniablement pas un film comique. Une déception suite à une promo mensongère (bien aidée par des critiques qui devaient être en état second) mais ça reste un beau et bon film sur le fond de son sujet.
Note :