Personnal Shopper (2016) de Olivier Assayas
Après leur première collaboration sur le très bon "Sils Maria" (2014) le réalisateur-scénariste Olivier Assayas retrouve son actrice Kristen Stewart Césarisée pour son rôle. Un film unique, original pensé et écrit par Assayas pour la jeune actrice avec qui le courant est magnifiquement passé. Le cinéaste français a imaginé un scénario ambitieux et audacieux mêlant modernité et fantastique dans un récit qui se veut ancrer dans la réalité d'aujourd'hui. On suit donc Maureen, personnal shopper donc et médium à l'insu de son plein gré, qui déteste son boulot et qui use de son don de médium pour entrer en contact avec son défunt frère jumeau qui était médium également. Le tout enveloppe une sorte de jeu du chat et de la souris qui mène à une intrigue policière...
Assayas mélange les genres et fait appel à des références artistiques majeurs (Victor Hugo et la peintre Hilma Af Klint) afin d'étoffer un peu le côté médium du personnage central. Centrale elle l'est à l'évidence tant Kristen Stewart est de quasiment toutes les scènes et si elle traverse Paris de long en large (mais que dans les beaux quartiers !) sur son scooter (apparemment c'est important pour Assayas de la filmer en scooter !) on a une sensation de huis clos. Maureen ne bouge qu'en scooter ou en train et sinon les lieux se résument à quatre adresses. Le scénario est basé sur trois lignes directrices joindre l'esprit de son frère, son job et les mystérieux SMS qu'elle reçoit. Pour le job on peut se poser la question de pourquoi elle continue puisqu'elle déteste sa patronne, le job et qu'elle ne se trouve pas bien payée (je veux bien avoir ce qu'elle touche !) et finalement ça reste la partie la moins intéressante. L'histoire des SMS est râtée car sans suspense (on devine qui sait dès le début !) et surtout la conclusion est presque ridicule. Et enfin reste le côté fantastique qui reste la plus aboutie et la plus intéressante mais elle n'est pas assez bien ficelée (beaucoup de questions aucune réponse). Mais surtout ces trois "sous-intrigues" restent finalement bien secondaire car la seule chose qui frappe c'est cette attirance viscérale de la caméra pour l'actrice principale.
L'amour de Assayas pour celle qu'il aimerait à l'évidence qu'elle soit sa muse, vampirise le récit. Assayas a déclaré : "j'ai voulu savoir ce qui se passerait si je sautais le pas pour affronter frontalement une question à laquelle je reviens sans cesse : la capacité intime, profonde, du cinéma à filmer l'invisible. En faire le sujet d'un film me permettait, à travers la présence d'éléments du cinéma de genre, de tenter d'illustrer cette idée sans qu'elle soit uniquement théorique." Bref le cinéaste avait semble-t-il tout basé sur le paramètre médium et on se demande alors pourquoi s'être embarrassé avec cette histoire de SMS aussi futile qu'inepte ?! Assayas a vraiment cherché quelque chose d'innovant, ça se sent, ça se voit mais à rechercher la profondeur il a surtout offert aux spectateurs du creux. Pas de critique morale ou non sur le rapport au luxe, pas d'enquête policière probante, la partie médium qui ne convainc pas, malheureusement le réalisateur s'est un peu éparpillé. Reste la belle photographie de Yorick Le Saux (fidèle de Assayas), un climax idéal et ce côté délectation à suivre bêtement Kristen Stewart dans ses déambulations vaines et ennuyeuses. Une déception.
Note :