Ballerina (2016) de Eric Summer et Eric Warin
Film d'animation français qui vend du rêve à la façon de Disney... Une équipe néophyte dans le domaine de l'animation s'est lancée dans ce projet en 2010 et s'appelait au départ "La véritable histoire des petits rats de l'opéra". Etonnament l'idée serait de Eric Summer qui était jusque là réalisateur de séries TV genre soupe tf1 comme "Alice Nevers", "Les Cordier juge et flic" et "Julie Lescaut". Bien lui en a pris d'oser autre chose ! Il est aidé par Laurent Zeitoun producteur-scénariste sur "L'Arnacoeur" (2010) de Pascal Chaumeil et à l'oeuvre sur "La Vache" (2016) de Mohamed Hamidi, Zeitoun est aussi l'heureux producteur du succès au 20 millions d'entrées "Intouchables" (2011) de Eric Toledano et Olivier Nakache. Si personne ne semble l'avoir noté ce projet a sans doute été inspiré par un film français, "Ballerina" (1950) de Ludwig Berger (co-réalisateur allemand notamment sur "Le Voleur de Bagdad" en 1940 avec Michael Powell).
Mais très vite on pense évidemment à Cendrillon notamment avec des personnages très stéréotypés à la sauce Disney comme les dirigeantes de l'orphelinat semblables aux mégères habituelles. La plupart des personnages sont des poncifs des contes Disney et en découle un récit plutôt prévisible avec le jeune séducteur danseur ou la concurrente directe de Ballerina. Ajouté au style de dessin-graphisme plutôt classique on est en droit de se dire que cette histoire reste d'un classicisme qui allie surtout sécurité et efficacité. Peu innovant donc dans le fond mais heureusement l'équipe du film avait une aide de poids avec la participation des danseurs étoiles Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard. Chorégraphes des scènes à l'Opéra ils ont aussi donné de leur personne pour la motion capture avant de s'apercevoir que le rendu était peu convaincant. Une autre technique a donc été choisi avec le Keyframe soit l'animation par image-clés ce qui donne du dynamisme à la danse.
L'autre point fort est la reconstitution minutieuse du Paris de 1879 magnifiquement rendue par le directeur artistique Florent Masurel. Paris est sublime et reconstitué de façon très précise. Il y a pourtant quelques anachronismes dont la présence du Gwen Ha Du, drapeau breton qui n'existait pas encore en 1879 puisqu'il fut créé dans les années 1920 ! Mais aussi on pourrait discuter des années de construction de la Tour Eiffel et de la Statue de la Liberté. Mais les producteurs ont clairement voulu égaler les productions américaines, avec un budget bien moindres (30 millions au lieu des 150-200 outre-Atlantique) et on peut tirer notre chapeau pour ce très joli film même si on peut aussi se dire que égaler c'est donc copier. Bémol pour cette dernière partie où la mégère passe un cap qui ne sied pas à la finesse du récit. Il est dommage que ce film d'animation français n'ait pas été un tout petit peu plus audacieux surtout au niveau de l'humour. En effet si on sourit beaucoup le rire est très rare et se rattrape de belle façon au niveau émotion. Néanmoins ça reste une jolie réussite, un beau et bon film d'animation rythmé et énergique avec une belle promotion sur le fait qu'il faut vivre ses rêves.
Note :