Le Serpent aux mille coupures (2017) de Eric Valette
39 salles seulement sur tout le territoire français pour ne nouveau film de Eric Valette ! Juste hallucinant que ce polar d'action soit si peu distribué. Eric Valette qui a signé autre autres le très bon "Une affaire d'état" (2009) et le moins bon "La Proie" (2011) semble avoir obtenu trop peu en budget pour assurer une sortie honnête à son film. Et pourtant ce film adapté du roman éponyme (2009) de DOA (scénariste sur la série "Braquo" également, pseudo choisi en hommage à "Dead On Arrival", titre original de l'excellent film noir "Mort à l'arrivée" en 1950 de Rudoplh Maté) a du potentiel avec un mélange des genres Thriller, Action, Film Noir, Polar enveloppé d'un climax particulièrement sombre.
Le casting n'est pas non plus ridicule avec la gueule Gerald Laroche habitué des rôles de salauds, Pascal Gregory qu'on avait pas vu depuis "Tout de suite, maintenant" (2015) de Pascal Bonitzer, Tomer Sisley qui se fait rare tout en surfant encore sur ses succès avec le dyptique "Largo Winch" (2008-2011) de Jérôme Salle, Stephane Debac déjà présent en tueur en série dans "La Proie", et en prime le méconnu Terence Yin, acteur chinois ayant déjà tourné dans une quarantaine de films quasi tous chinois, le plus souvant des seconds rôles comme dans "New Police Story" (2004) de Benny Chan, "La vie sans principe" (2012) de Johnnie To et "L'homme aux poings de fer" (2013) de RZA... Le speech n'est pas simple, avec trois sous-intrigues qui se téléscopent par accident, un rendez-vous entre cartel qui tourne mal, un terroriste recherché via le plan Epervier, une guerre locale sur fond de racisme et au final un tueur du Cartel qui doit venger des morts et un fugitif qui séquestre une famille à histoires le tout dans une région reculée de la France profonde.
Avec un grain de film seventies le cinéaste impose d'emblée une atmosphère très noire, voire malsaine avec un parti pris simple, on ne discute pas trop si on veut tuer. Le scénario démarre sur un accident malheureux, se faire rencontrer des individus non recommandables mais qui n'auraient justement jamais dû se croiser, la main dans l'engrenage avec au milieu une famille qui n'a pas de peau depuis un moment. Peu de dialogues, comme l'action ils vont droit au but. Une vraie violence assumée mais jamais démonstrative à l'exception peut-être des tortures, et encore on aura vu bien pire. Bien rythmé mais sachant instaurer des instants fugaces de calmes (avant la tempête) Eric Valette signe un film musclé, un film de genre efficace et terriblement pessimiste. On regrette surtout un final expédié qui manque là d'un peu de densité et de puissance. Mais sinon il s'agit assurément d'un film d'action à la française de grande qualité qui mérite qu'on s'y attarde. A conseiller.
Note :