La Colère d'un homme patient (2017) de Raul Arevalo

par Selenie  -  10 Mai 2017, 17:42  -  #Critiques de films

Premier long métrage de Raul Arevalo, acteur espagnol bien connu qui a d'ailleurs choisit ses deux interprètes principaux parmi ses partenaires. En effet il a tourné avec Antonio de la Torre dans "Balada Triste" (2010) de Alex de la Iglesia, "Les Amants Passagers" (2013) de Pedro Almodovar et dans l'excellent "La Isla Minima" (2015) de Alberto Rodriguez, tandis qu'il a déjà tourné avec Luis Callejo dans le film de braqueur "Insiders" (2016) de Daniel Calparsoro. Au casting le troisième rôle important est tenu par la très rare Ruth Diaz qu'on avait pu voir dans "Les Disparus" (2007) de Paco Cabezas... L'idée du film date de 2007 : "L'idée m'est venue en écoutant des clients dans le bar de mon père. En entendant parler d'un crime atroce au journal télévisé un client avait dit : "Si ça arrivait à ma famille, je prendrais un fusil et ferais un carnage." A chaud, on ne sait pas comment on peut réagir face à la violence, mais à froid, je me demandais comment on réagirait face à quelqu'un qui a détruit votre vie..."...

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Par la suite l'acteur a rencontré un psychologue, David Pulido, avec qui il a travaillé le sujet et qui est devenu ainsi co-scénariste. Il a donc fallu pas loin de 10 années pour concrétiser son projet, la recherche du financement ayant été aidé par le Goya du meilleur second rôle masculin gagné par Raul Arevalo pour le film "Gordo" (2009) de Daniel Sanchez Arevalo. On suit donc José un homme seul, qui semble survivre depuis des années qui, en fait, attend tranquillement qu'un homme sorte de prison, Curro, pour lui soutirer des infos afin de pouvoir se venger. Curro sort au bout de 8 ans, entre temps José est devenu un proche de la famille de Curro... Le scénario semble classique mais il reste implacable, jouant sur les sentiments entre les protagonistes et surtout sur l'évolution des deux hommes. José est un homme normal, seul, taciturne, calme tandis que Curro est un voyou, expérimenté de 8 ans de prison, parfois violent. C'est ce contraste et l'évolution des deux hommes qui est intéressant, et surtout jusqu'où les deux hommes peuvent-ils aller ?! L'autre bonne idée est le choix technique, en effet Raul Arevalo a tourné son film en pellicule 16mm avec un gros grain qui accentue l'effet réaliste d'un colère sous-jacente qui n'attend qu'à exploser.

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Si l'intrigue a du mal à démarrer on comprend ensuite que finalement aucune scène n'est anodine et que, aussi calmement que José, le récit prend place irrémédiablement avant une fin à la fois classique et inattendue (justement là est le suspense !). Le choix des acteurs est aussi judicieux. Pas de stars, pas des canons de beauté, juste des gueules à l'image de tout le monde ce qui accentue encore le réalisme de l'histoire qui se place d'emblée comme un fait divers plausible. Ce film a remporté 4 Goyas dont ceux de meilleur film et meilleur scénario juste devant le favori "Quelques minutes après minuit" (2017) de Juan Antonio Bayona... Ce film est une jolie réussite à l'image des quelques bijoux qui nous rappellent que le cinéma espagnol ne se résume pas à Almodovar, De la Iglesia ou de Saura. "La Colère d'un homme patient" rejoint la belle liste (non exhaustive) de cette autre partie du cinéma ibérique comme "La Langue des Papillons" (2001) de Jose Luis Cuerda, "Intacto" (2003) de Juan Carlos Fresnadillo, "La Méthode" (2006) de Marcelo Pineyro, "La Nuit des Tournesols"(2008) de Jorge Sanchez-Cabezudo et "Dans ses yeux" (2010) de Juan Jose Campanella... Un drame policier et social solide et maitrisé à voir et à conseiller.

 

Note :             

15/20
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