Message from the King (2017) de Fabrice du Welz
Premier film en langue anglaise et outre-Atlantique pour le réalisateur belge mais pour une co-production qui reste bien franco-belge. Fabrice du Welz auquel on doit rien de moins que 4 très bons films de genre avec "Calvaire" (2005), "Vinyan" (2008), "Colt 45" (2014) et "Alleluïa" (2014) laisse aussi pour la première fois le scénario aux moins de tiers qui sont Oliver Butcher et Stephen Cornwell qui ont signé "Sans Identité" (2011) de Jaume Collet-Serra et "Riddick" (2013) de David Towhy. Ce dernier étant également producteur avec notamment David Lancaster connu pour les succès "Drive" (2011) de Nicolas Winding Refn et "Whiplash" (2014) de Damien Chazelle. Rappelons que du Welz l'a pourtant été sur ses deux derniers longs métrages. Le réalisateur s'est rendu à Los Angeles pendant 18 mois pour les repérages et s'imprégner d'une ville tentaculaire aux multiples facettes qu'il ne connaissait pas. A priori le cinéaste a gardé sa liberté en témoigne son utilisation de la pellicule 35mm plutôt que le numérique après avoir convaincu les producteurs. La directrice Photo Monika Lenczewska confirme : "La pellicule offre un meilleur contraste, elle est toujours mieux pour le noir et blanc, surtout pour filmer la peau, tous les détails. L'image est plus sensuelle, la lumière et les couleurs plus riches, plus nuancées."...
Effectivement le soin apporté au grain est flagrant, insistant sur la peau tannée et en sueur de notre héros. Du Welz cite ses références pour ce film qui sont les oeuvres de James Elroy, les films "Shaft" (1971) de Gordon Parks, "La Loi du Milieu" (1971) de Mike Hodges, "Hardcore" (1979) de Paul Schrader et "Du sang sur la Tamise" (1983) de John McKenzie. On est particulièrement d'accord avec celui de Mike Hodges et nous citerons également le plus récent "L'Anglais" (1999) de Steven Soderbergh. Mais comme le précise du Welz : "Mais au-delà des références, mon but était surtout de suivre mon héros, Jacob King, à hauteur d'homme et de témoigner de sa rage et de son humanité. Je voulais aborder cette histoire simplement, comme dans un vieux western"... Il s'agit bien de cela, un western urbain et animal où un inconnu débarque pour une vengeance pleine de sang et de larmes. Sur le fond rien d'innovant, la fille à venger est évidemment victime de la drogue et du sexe qui en découle mais le scénario est très bien troussé avec une enquête qui évolue correctement, une intrigue prenante, des protagonistes solides et intéressants qui ont des liens plus ou moins étroits via le business et surtout l'omniprésence du vice.
Les bas-fonds de Los Angeles à la seventies mais bien ancrés dans notre monde d'aujourd'hui. Le vengeur est interprété par l'excellent Chadwick Boseman, révélé par "Get on up" (2014) de Tate Taylor où il incarnait James Brown. Chez les méchants on retrouve le très bon Luke Evans qui gagne de plus en plus ses galons, le trop rare Alfred Molina, pour les atouts charmes Natalie Martinez un sex-appeal révélé dans "Course à la mort" (2008) de Paul W.S. Anderson et la superbe Teresa Palmer trop souvent abonnée aux mêmes genre de rôles malheureusement. Vous reconnaitrez en coup de vent l'acteur Tom Felton, le Draco Malfoy dans la saga "Harry Potter" (2001-2011). Par contre il est dommage que le réalisme et "la hauteur d'homme" soit parfois oubliés, en effet, par exemple une scène de tabassage à coup de batte de base ball particulièrement efficace ne doit pas se terminer par un homme courant avec seulement quelques hématomes ! Néanmoins faire de Jacob King un vengeur venu d'un autre pays est très bonne, autres moeurs autres us et coutumes, l'autre bon point est celle de son arme de prédilection plutôt nouveau dans le genre, et enfin dernier bon point et pas des moindres se trouve en toute fin avec une surprise de taille. Fabrice du Welz signe une fois de plus un film de genre dense et bien foutue, solide autant sur la fond que dans la forme. Un réalisateur qu'on attend toujours avec grand plaisir...
Note :