Le Cinquième Elément (1997) de Luc Besson
1er film de SF pour Luc Besson qui s'est imposé comme un réalisateur majeur, sans doute le réalisateur français le plus important au niveau mondial après ses premiers films "Le Dernier Combat" (1983), "Subway" (1985), "Le Grand Bleu" (1988), "Nikita" (1990) et "Léon" (1994). Avec ce film il signe (à l'époque) le film français le plus cher produit entièrement par Gaumont, car outre le casting international l'équipe technique est 100% français, condition sine qua non pour obtenir l'aide financière du Centre National de la Cinématographie et pour concourir aux Césars... Avec 11 nominations et 3 statuettes (réalisateur, décor et photographie), ainsi qu'un joli score au box-office (presque 8 millions d'entrées France + 265 millions de dollars monde) Besson s'offre un succès public et critique qui le place définitivement au sommet du cinéma hexagonal. Besson écrit la première ébauche du scénario au lycée en s'inspirant du sketch "Harry Canyon" dans le film "Métal Hurlant" (1981) de Gerald Potterton dans lequel un taxi recueille une jeune femme et la sauve de ses poursuivants dans un futur dystopique. Il finalise le scénario avec le scénariste américain Robert Mark Kamen, qui deviendra un fidèle de l'écurie Besson notamment sur les saga "Taken" et "Le Transporteur".
Pour l'univers visuel Besson travaille avec les auteurs de bande-dessinées Giraud/Moebius et Jean-Claude Mézières, pour l'anecdote les deux auteurs ont travaillé pour le magazine Métal Hurlant qui a inspiré le film sus-cité et, surtout, Mézières est un des auteurs de la BD "Valerian" dont Besson sortira bientôt l'adaptation très attendu "Valerian et la cité des mille planètes" (2017)... Le film est également un tournant pour le cinéaste, professionnellement parlant mais aussi dans le privé puisqu'il fait tourner son épouse d'alors, Maïwenn (future réalisatrice de talent notamment de "Polisse" en 2011 et "Mon Roi" en 2015) qu'il quitte à la fin du tournage pour épouser son actrice Milla Jovovich, actrice qu'il fera tourner dans le rôle-titre "Jeanne d'Arc" (1999) et future star de la saga "Resident Evil" (2002-2017) de Paul W.S. Anderson (son futur époux)... Outre ses deux femmes, Besson compose un casting hétéroclyte et assez fou avec l'expérimenté et prolifique Ian Holm, le retour de Gary Oldman (déjà dans "Léon"), le comique délirant Chris Tucker qui n'est alors pas encore la star de la trilogie "Rush Hour" (1998-2001-2007) de Brett Ratner et surtout, la star Bruce Willis en chauffeur de taxi. Notons aussi que la musique est signée du fidèle Eric Serra et que les costumes futuristes sont signés sans surprise par Jean-Paul Gaultier...
Le film est d'emblée une date marquante car il reste le film charnière d'un cinéma français qui prouve enfin qu'il peut lorgner sur les blockbusters hollywoodiens, même si Besson reste bel et bien le seul nabab ayant la puissance financière et artistique pour le confirmer. La trame générale est tout au style Besson puisque à l'instar de "Nikita" et "Léon" (et les futures productions Besson) il s'agit une énième fois d'un homme qui secoure une femme en détresse, forte mais en détresse quand même... On apprécie l'univers entre "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott et "Total Recall" (1990) de Paul Verhoeven mais en plus coloré et en plus fun. En effet Besson ajoute une bonne dose d'humour pas toujours bien contrôlé à l'image d'un animateur radio (Chris Tucker) ou d'un braqueur (Kassovitz en caméo !) complètement hystérique entre le ridicule et le simple agacement. Le film reste marrant, jouissif et délirant avec un rythme soutenu et des personnages hauts en couleur. Les effets spéciaux ne sont pas tous parfaits (même en 1997, suffit de comparer avec d'autres films de SF précédents) et il y a des scènes maladroites ou tout bonnement stupides (cachés des pierres dans un ventre ?!?! le caméo Kassovitz, le mondoshawan qui se coince comme un couillon alors qu'ils semblent quasi des dieux...). Historiquement et pour la postérité l'importance de ce film est certaine, néanmoins avec le recul ce film reste bancal à bien des égards et n'est qu'un divertissement efficace et nostalgique.
Note :