El Clan (2016) de Pablo Trapero

par Selenie  -  13 Juillet 2017, 15:29  -  #Critiques de films

Chef de fil du cinéma argentin le réalisateur-scénariste Pablo Trapero s'inspire pour ce film d'une affaire qui avait défrayée la chronique dans les années 80 connue sous le nom de Affaire Puccio (Tout savoir ICI). Après "Voyage en famille" (2004), "Leonera" (2008), "Carancho" (2011) et "Elefante Blanco" (2013) le cinéaste nous replonge dans la société argentine et cette fois dans cette période difficile où le pays sortait de plusieurs années de dictature (1976-1983). Le cinéaste s'est adjoint l'assistance des scénaristes Julian Loyola et Esteban Student à qui on doit l'excellent "Buenos Aires 1977" (2007) de Adrian Caetano.

el_clan_affiche.jpg (300×400)

Sur le destin de cette famille mafieuse spécialisée dans les kidnappings, menée par un patriarche qui a été "limogé" des services de Renseignements après la chute du régime dictatorial (1983), le trio s'est particulièrement documenté (journaux d'époque, dossier d'instruction, entretiens avec les juges et les proches,... etc...), à tel point d'ailleurs que le patriarche en question, le père Puccio (qui était devenu avocat en prison et sortit à la fin de sa vie)  à tenter de contacter Pablo Trapero en 2012 (il avait 84 ans)afin de donner sa version des faits, lui qui a toujours nier l'évidence... Ce patriarche est interprété par l'acteur Guillermo Francella (vu dans "Dans ses yeux" en 2010 de Juan José Campanella) est l'un des deux personnages principaux (avec son fils cadet) et reste celui qui marque le plus le spectateur. Patriarche et Parrain (littéralement, dans le sens latin et mafieux) et à la fois psychopathe il offre une performance qui vous glace le sang.

Le montage choisit peut paraitre d'abord tape-à l'oeil (aller-retour entre deux périodes tout le long du film) mais finalement il s'avère judicieux et dresse ainsi la sensation d'un tourbillon d'évènements sur lequel personne n'avait la main. Trapero signe un film entre entre Martin Scorcese (mafia entre fantasme et réalité) et Luis Bunuel (critique de la bourgeoisie, se joue de la chronologie), et avec ce fait divers plutôt terrifiant est idéal pour cette formule : "quand la réalité dépasse la fiction."... Précisons, que pour une fois un film retrace les faits tels qu'ils étaient et qu'ils sont connus aujourd'hui. Enfin un film dont le "Inspiré de faits réels" n'est pas surfait. Certe, certains critiqueront justement le fait qu'il n'y ait pas de vue, nous saluerons au contraire cette neutralité qui n'en demeure pas moins déroutante puisque il reste quelques zones d'ombre qui se révèlent notamment à la conclusion. Notons une dernière partie aussi forte que tragique qui aura encore plus d'effet si on ne se documente pas avant de voir le film. Ce film a eu un succès considérable en Argentine avec 2 millions et demi d'entrées, surpassant ainsi le blockbuster de l'époque, "Mission Impossible : Rogue Nation" (2015) de Christopher McQuarrie. Un thriller mafieux politico-social de haute et grande qualité, et à la valeur historique non négligeable. A voir et à conseiller.

 

Note :           

17/20

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