Maestro (2014) de Léa Frazer

par Selenie  -  27 Juillet 2017, 07:11  -  #Critiques de films

Ce film est un véritable cadeau à plusieurs point de vue et une aventure humaine riche et tendre, également à différent point de vue. A la base cette histoire est celle de l'acteur Jocelyn Quivrin, qui a écrit un scénario qu'il voulait réaliser pour conter sa rencontre avec Eric Rohmer et le tournage de son film "Les amours d'Astrée et Céladon" (2007) dont c'est d'ailleurs le dernier film. En effet l'acteur admiratif de Eric Rohmer, l'approcha et obtint un rôle dans ce film où il s'est senti à l'écart, troublé par un tournage "Art et Essai à l'ancienne" dont il ne comprenait pas grand chose mais qui, au final, lui a apporté beaucoup de chose. Débutant pour un tel projet l'acteur-scénariste en herbe demanda à son amie Léa Frazer de l'aider. Précisons que l'acteur a tourné les films "Notre Univers Impitoyable" (2008) et "Ensemble c'est trop"(2010) avec elle, qu'elle est devenue une amie proche et marraine de son fils.

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Malheureusement l'acteur Jocelyn Quivrin est mort (2009) trop tôt pour pouvoir concrétiser son projet. Le temps passe et ce sont les producteurs Eric et Nicolas Altmayer qui poussèrent la réalisatrice Léa Frazer à terminer le film avec l'accord de Alice Taglioni, conjointe de l'acteur (2005-2009)... Voici donc un film qui ne paie pas de mine au premier abord, 1h25 sur les coulisses d'un film d'époque, adaptation littéraire où se retrouve un acteur qui voyait le cinéma autrement. Dans ce film le réalisateur de "Les amours d'Astrée et Céladon" est Cédric Rovère (inspiré donc de Eric Rohmer, réalisateur phare de la Nouvelle Vague rappelons-le) incarné par l'excellent Michael Lonsdale tandis que Henri Renaud (inspiré lui de Jocelyn Quivrin) est incarné par Pio Marmaï. Les autres personnages importants sont interprétés par des femmes dont les délicieuses Deborah François et Alice Belaïdi. Forcément romancé (notamment et à priori l'histoire d'amour) l'histoire est surtout intéressante sur le point de vue de la tolérance, de l'apprentissage, de la transmission et aussi par la curiosité.

Henri Renaud incarne la jeunesse que ne voit dans le cinéma que amusement, paillettes et vie facile, il en oublie l'Art d'abord mais aussi l'ouverture d'esprit et la poésie sous toutes ses formes. Il y a bien quelques maladresses mais rien de choquants ni importants. Mais outre les valeurs que semblent avoir reçues et comprises lors de l'expérience vécue par Joclyn Quivrin/Henri Renaud la réussite du film réside aussi dans la capacité de Léa Frazer à ne pas tomber dans un hommage pur et engoncé dans un style aussi littéraire et statique que le cinéma de Rohmer, et par son dernier film surtout. Non, la réalisatrice et co-scénariste instille une vraie légèreté de ton qui inspire la joie de vivre (même sur un tournage de Rohmer semble-t-il !) et qui offre ainsi de réels moments de bonheur et de rires. Un film frais, divertissant, riche et plus profond qu'il n'y parait. Un film qui donne le sourire et l'envie d'apprendre, d'écrire et de jouer. A voir et à conseiller.

 

Note :               

16/20

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