Allez coucher ailleurs (1949) de Howard Hawks
Cette comédie serait adaptée d'une histoire vraie si on en croit l'épigraphe au début du film, une histoire de Henri Rochard donc qui est incarné ici par le monstre sacré Cary Grant. C'est l'un des plus grands réalisateurs qui réalise le film, Howard Hawks qui revient à la comédie après un plus film plus sérieux, le chef d'oeuvre "La Rivière Rouge" (1948). Hawks est trop souvent oublié et pourtant il reste un maître de la Screwball Comedy à l'instar de Franck Capra et retrouve d'ailleurs son acteur Cary Grant après quelques petits bijoux du genre que sont les films "L'Impossible Monsieur Bébé" (1938), "La Dame du Vendredi" (1946) tandis qu'ils se retrouveront pour "Chérie je me sens rajeunir" (1952). Précisons que Hawks et Grant ont aussi tourné ensemble "Seuls les Anges ont des Ailes" (1939).
Le film est écrit par trois scénaristes dont Charles Lederer et Hagard Wilde qui sont aussi les auteurs des trois autres comédies sus-citées. Cary Grant a pour partenaire celle qu'on surnommait "The Oomph Girl" ("la fille qui a du Peps"), Ann Sheridan qui est alors l'une des plus grandes stars des années 40 grâce à des films comme "Les Anges aux Figures Sales" (1938) de Michael Curtiz et "Une femme dangereuse" (1940) de Raoul Walsh... Bizarrement, malgré le succès de ce film, "Allez Coucher Ailleurs" signe pourtant le début de son déclin... Néanmoins lors du tournage on est bien en présence d'un couple star qui tourne leur seul et unique film ensemble ce qui est dommage tant l'osmose entre eux est un bonus non négligeable pour le film.
Le film se scinde en deux parties, une première moitié où les deux officiers se tournent autour façon je t'aime moi non plus et la seconde où, une fois mariés, les soucis militaro-administratifs parasitent leur lune de miel. L'humour est donc paramétré vis à vis des deux parties. On est dans la romance dans un premier temps avec moins de gags compensés par un réel sens de l'écriture, de la mise en scène et du jeu de séduction entre les deux stars. Ensuite on entre beaucoup plus dans le Screwball avec des gags de situations, un meilleur sens du rythme et les performances des deux stars qui atteignent des sommets de subtilités et de nuances optimisés par les étincelles entre Grant et Sheridan. On rit donc plus dans la seconde partie même si le travestissement de Grant/Rochard manque nettement d'application pour qu'on y croit vraiment. Outre le petit soucis de déguisement, on peut tiquer sur un rythme plus bancal en première partie avec de petites longueurs. Mais Grant/Rochard en éternel ronchon et Sheridan/Gates en femme qui a, justement, du peps à revendre forment un couple idéalement assorti. Hawks signe sans doute le film le moins abouti des 5 tournés avec Cary Grant mais ça reste une nouvelle jolie réussite qui vous dessinera un sourire assuré.
Note :