La Tour Sombre (2017) de Nikolaj Arcel
Enième adaptation d'un roman de Stephen King mais première tentative pour "La Tour Sombre", série de 8 romans dont la rédaction a été inspiré par un poème de Robert Browning : "Le chevalier Roland s'en vint à la Tour Noire".... King a donc entamée la rédaction en 1970 et dont le dernier tome est sorti en 2012 cette saga est une oeuvre essentielle et à part, d'abord par sa longévité et surtout de par le projet de film longtemps considéré comme impossible. "La Tour Sombre", inspiré est devenu un serpent de mer dont la production cinéma a vraiment commencé à prendre forme en 2007 quand Stephen King a laissé ses droits d'adaptation à J.J. Abrams et Damon Lendelof les créateurs de la série "Lost". Ensuite le projet est passé notamment dans les mains de Ron Howard avec un scénario de Akiva Goldsman et Jeff Pinkner, duo auquel on doit le scénario du film "La 5ème Vague" (2016) de J Blackeson. Le projet est une nouvelle fois délaissée, Universal trouvant le projet financièrement trop risqué. Il faudra attendre que Sony soit intéressé pour relancer le projet, choisissant le réalisateur danois Nikolaj Arcel pour signer la mise en scène. Ce dernier est connu surtout comme scénariste de "Millenium" (2009) de Niels Arden Oplev et comme réalisateur de l'excellent film historique "Royal Affair" (2012). Arcel accepte mais réécrit en partie le scénario avec son ami Anders Thomas Jensen, scénariste habituel de Suzanne Bier mais aussi pour ses propres films comme "Flickering Lights" (2000) et "Men and Chicken" (2015).
De son titre original "The Dark Tower", est une fresque mêlant tous les genres et toutes les références. Tous les genres dont une place prépondérante pour le western et le heroic fantasy. Toutes les références, allant des chevaliers de la Table Ronde à "Le Bon la Brute et le Truand" (1966) de Sergio Leone, en passant par "Le Seigneur des Anneaux" de J.R. Tolkien et même ses propres romans avec des termes récurrents comme Shining, Dead Zone ou encore The Mist... Fresque riche et dense que Stephen King qualifie lui-même de "Jupiter du système solaire de mon imagination" ! On se doute donc de l'attente immense de la part des fans du romancier alors même que la production a déjà affirmé, après une polémique sur la durée du film (seulement 1h34, pour plus de 4000 pages de romans) qu'il s'agit du premier épisode, un épisode d'introduction... Encore faut-il que le succès soit au rendez-vous alors même que la confiance semble au beau fixe chez Sony et Nikolaj Arcel. Donc on suit un ado que tout le monde semble prendre pour un cinglé, qui se retrouve être une sorte d'Elu et qui ve se retrouver au centre d'une guerre entre le Pistolero et l'Homme en noir. L'ado est joué par un inconnu, Tom Taylor, qui n'ait apparu que dans quelques épisodes de quelques séries jusqu'ici. Le Pistolero est interprété par Idris Elba toujours marqué de son rôle de Heimdall dans "Thor" (2011) de Kenneth Branagh, tandis que l'Homme en noir est incarné par Matthew McConaughey toujours en état de grâce depuis son retour débuté avec "La Défense Lincoln" (2011) de Brad Furman.
Vu l'histoire on se dit qu'il n'y a pas grand chose d'innovant, peut-être en 1970 mais plus aujourd'hui, un ado qui découvre un passage vers un monde parallèle où il sera un héros qu'il n'est pas dans son école ou chez lui est une trame éculée depuis longtemps. Le vrai bonus est le melting-pot universel créé par Stephen King et surtout la noirceur extrême de l'oeuvre. Enfin on pouvait espérer une sorte de saga fantastique pour adulte, mais au lieu d'avoir "Matrix" (1999-2003) des Wachowski assumé on a une trop forte dose de saga teen-movie façon "Harry Potter" (2001-2011) ou même "Le monde de Narnia" (2005-2008-2010). Le jeune héros est l'archétype de l'ado, évidemment solitaire et incompris sauf dans ce monde parallèle. Le Pistolero a été inspiré à King par l'homme sans nom de Eastwood, si Idris Elba s'en sort c'est surtout en roue libre, trop monocorde, sans nuance et surtout le seul paramètre qu'ils ont trouvé pour lui donner de la consistance c'est qu'en fait, il n'est pas pistolero, et de surcroit pour une raison qui ne colle pas du tout au personnage. McConaughey incarne lui à merveille l'Homme en noir et porte le film par son côté Satan en goguette, méchant gratuitement. La noirceur "kingesque" est beaucoup trop arasé, on sent le cahier des charges pour une sortie classé pour le plus grand public possible. Ensuite si on apprécie le choc des genres (héroic fantasy + western + fantastique) on ne peut pas dire que les univers soient particulièrement travaillés, pour ne pas dire bâclé. En effet les décors ne sont pas mis en valeur comme un troisième personnage. Idem pour les seconds rôles d'ailleurs, sous-exploités et sans consistance. Un peu plus et il s'agirait d'un huis-clos dans un cauchemar du gamin où le pistolero et l'homme en noir se court après. Il manque un cruel souffle époque, il manque la "désolation" (clin d'oeil !), il manque un réel fil conducteur plus ténu qu'une vengeance de bas étage... Bref, une réelle déception qui risque fort d'être encore plus violente auprès des fans lecteurs du roman.
Note :