La Vérité si je Mens (1997) de Thomas Gilou
A l'origine il s'agissait d'adapter un roman de Michel Munz, "Rock Casher" (1992). Finalement le film ne se fera pas mais le romancier va chercher une autre histoire sur les juifs du Sentier avec son ami Gérard Britton. Le projet sera accepté par un trio de producteurs qui viennent de connaitre deux succès avec "Péril Jeune" (1994) de Cédric Klapish et "Raï" (11995) de Thomas Gilou. Ce dernier, connu seulement pour les très médiocres "Black Mic Mac" (1986) et "Raï" (1995) est donc choisi pour réaliser le film. Le casting parait aujourd'hui prestigieux mais en vérité (!) la plupart des comédiens sont à l'époque quasi inconnus.
Les deux vrais stars du film sont donc Richard Anconina qui tente de rester en haut de l'affiche depuis "Itinéraire d'un Enfant Gâté" (1988) de Claude Lelouch, et Richard Borhinger. Vincent Elbaz était déjà dans "Péril Jeune" et est en pleine ascension, Anthony Delon est surtout le fils de Alain, Bruno Solo et José Garcia ne sont pas encore les stars qu'on connait, Gilbert Melki est encore un comédien inconnu, tandis que Amira Casar et Aure Atika sont encore à l'aube de leur carrière. En prime, le comique Elie Kakou alors en pleine gloire. On suit donc un chômeur en galère qui, à l'insu de son plein gré, est pris pour un juif alors qu'il traverse le sentier et en aussi peu de temps qu'il en faut pour l'écrire, il est embauché, se faisant au passage des amis très chers avant de gravir les échelons. Vendu à l'époque comme LA comédie de l'année, comme le film hilarant qu'il faut voir, "La Vérité si je mens" a connu une promo solide à tel point que le film a engrangé près de 5 millions d'entrée France terminant sur le podium 1997 après "Le Cinquième Elément" de Luc Besson et "Men In Black" de Barry Sonnefeld ! Comme souvent, la promo fait vendre mais ne tient pas obligatoirement les promesses d'une qualité intrinsèque à l'oeuvre.
Le scénario est focalisé sur les clichés Juif = argent = business, assez court et simpliste pour avoir envie de revoir le chef d'oeuvre inter-générationnel "Les Aventures de Rabbi Jacob" (1973) de Gérard Oury. Les juifs du sentier sont superficiels, macho à outrance seulement avec les femmes non juives, et surtout, ils ont un appétit féroce pour le pognon. La caricature est poussée à l'extrême pour, de surcroît, ne pas faire rire ! Un comble ! En effet, s'il s'agit d'une comédie vous sourirez sûrement à certains passages mais vos zygomatiques n'en souffriront pas. Il s'agit surtout d'une romance avec la morale sauve. Le film repose avant tout sur son casting en grande forme où les moins connus volent la vedette aux stars et notamment à Richard Anconina qui semble perdu face aux piles électriques comme José Garcia et Bruno Solo. Gros bonus avec la révélation (enfin !) de l'excellent Gilbert Melki. Juste pour l'anecdote, des acteurs comme Yvan Attal et Jean-Pierre Bacri ont refusé de jouer dans le film "trouvant les rôles trop caricaturaux". Thomas Gilou ne fera rien de probant à l'exception des deux suites "La Vérité...", à contrario du duo Gérard Bitton et Michel Munz qui passeront derrière la caméra pour le très réussi "Ah si j'étais Riche" (2002). "La Vérité si je mens" reste un divertissement pas déplaisant mais clairement très surestimé comparé à son box-office de l'époque.
Note :