La Maison Russie (1990) de Fred Schepisi.
Film d'espionnage adapté du roman éponyme (1989) de John Le Carré, auteur spécialiste d'espionnage dont plusieurs films ont déjà été adaptés comme "L'espion qui venait du froid" (1965) de Martin Ritt, "Le Tailleur de Panama" (2001) de John Boorman, "La Taupe" (2011) de Tomas Alfredson et "Un Traitre Idéal" (2016) de Susannah White. A l'époque du film le réalisateur Fred Schepisi a connu quelques jolis succès avec "Plenty" (1985) et "Un Cri dans la Nuit" (1988) ce qui lui a permis de diriger ce projet avec un casting bankable. Il s'attache les services d'un scénariste Tom Stoppard qui, lui-même, venait de se faire un nom avec "Brazil" (1985) de Terry Gilliam et "L'Empire du Soleil" (1987) de Steven Spielberg.
Au casting on a l'une des plus grandes stars des décennies précédentes avec Sean Connery, uni à l'une des plus belles actrices du moment Michelle Pfeiffer. A leurs côtés des acteurs expérimentés et solides avec Klaus Maria Brandauer, Roy Scheider et James Fox... Le roman de Le Carré est passionnant, traitant de la Guerre Froide à un moment où elle devait prendre fin (nous sommes fin des années 80), mais tout en titillant les doutes et hésitations des un et des autres voici qu'un livre issu de l'Est cherche à être édité à l'Ouest pour dénoncer et surtout annoncer qu'il est temps de tourner la page de l'Union Soviétique puisque, de toute façon, l'armée et les armes nucléaires russes sont obsolètes. Comme toujours, La Carré offre un matériau de base riche et foisonnant, particulièrement réaliste et documenté. Les scénaristes n'ont plus qu'à retranscrire et au réalisateur de transcender le tout sur grand écran.
Le vrai soucis est que dans ce film le contexte géopolitique demeure peu traité, le récit se focalise d'abord sur une histoire d'amour et une intrigue plutôt simple malgré le jeu des flash-backs qui restent bien accessoires. Sur le fond politique très peu de propos ou d'informations, le film reste très simpliste et explique tout par la simple liberté d'expression. Sinon on passe plus de temps à écouter l'éditeur britannique (Connery) à s'expliquer plutôt qu'à suivre et à savourer les jeux habituels du chat et de la souris entre les services d'espionnage. 90% du film se partage entre l'idylle et l'interrogatoire de l'éditeur, les parties "espionnages" qui font le sel habituel du genre sont ici sans panache ni intérêt. Bref on s'ennuie... Ajoutons une fin invraisemblable, la haute trahison est rarement un vain mot. Ce film connut un échec relatif lors de sa sortie, logique, et nous pouvons préciser que cette adaptation est la moins passionnante des films issus des oeuvres de John Le Carré. Loin d'être un navet il reste un film de facture honnête mais sans plus. Trop académique, trop sage, trop monocorde qui surnage grâce à un petit suspense et à un casting talentueux.
Note :