Downsizing (2018) de Alexander Payne.

par Selenie  -  11 Janvier 2018, 08:47  -  #Critiques de films

Nouveau film pour le réalisateur Alexander Payne, un des chef de file du ciné indé US spécialiste de chroniques douces-amères comme "Monsieur Schmidt" (2003), "Sideways" (2005), "The Descendants" (2012) et "Nebraska" (2014)... Cette fois ce projet qui fut initié dès 2009 vire vers un genre différent, un film d'anticipation et utopique sur le devenir de la planète Terre et sa surpopulation. Payne retrouve son scénariste Jim Taylor, fidèle de ses débuts à l'exception notable de ses deux derniers films ; disons-le de suite, ses deux derniers sont clairement ses meilleurs films... Dans le monde d'aujourd'hui des scientifiques trouvent le moyen de miniaturiser les êtres vivants, humains compris, pour limiter les effets néfastes de la surpopulation sur la planète.

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Le héros de cette histoire est interprété par Matt Damon qui rejoint donc la filmo de Payne après son ami George Clooney (dans "The Descendants"). A ses côtés on retrouve un casting international avec en premier lieu les allemands Udo Kier et l'inénarrable Christoph Waltz, ainsi que plusieurs guest-stars de luxe dans des petits rôles, voire des caméos avec Kristen Wiig, Jason Sudeikis, Meil Patrick Harris, Laura Dern et Joaquim de Almeida. Mais on retiendra surtout un nom, l'actrice américano-viêtnamienne Hong Chau, aperçue dans "Inherent Vice" (2015) de Paul Thomas Anderson et qui vole littéralement la vedette aux stars du film ; révélation !... Rétrécir des humains n'est pas nouveau, du chef d'oeuvre "L'Homme qui rétrécit" (1957) de Jack Arnold à "Un Homme à la Hauteur" (2016) de Laurent Tirard en passant par "L' Aventure Intérieure" (1987) de Joe Dante et "Ant-Man" (2015) de Peyton Reed, on a surtout droit à des films d'aventure jouant sur le danger de devenir une proie plutôt qu'un prédateur. La belle idée du film réside plutôt en une réflexion sur le problème de la surpopulation mondiale, sur l'idée que, si l'homme prenait moins de place sa nocivité serait d'autant moindre. Le film aborde donc divers thèmes comme le pouvoir d'achat, les discriminations, la fin de l'humanité, l'écologie, l'éthique médicale... etc... Malheureusement, l'ironie et le ton sarcastique du début laisse petit à petit place à une comédie douce-amère classique, qui s'arase d'elle-même en ne traitant finalement jamais ses sujets de fond. Le film aborde, effleure mais jamais l'histoire ne s'y intéresse vraiment. Jamais le cinéaste ne prend de risque d'ailleurs, jamais il ne reste prudemment neutre en montrant un monde lilliputien, sorte de monde alternatif et utopique qui ne change finalement pas grand chose à la situation humaine en générale.

Le concept lui-même tient du génie, encore faut-il pouvoir le développer. 02h15 pour une fable qui reste bien académique donc, où la réflexion reste basique, à  l'état de simple idée dont le fil conducteur reste une idylle trop belle pour convaincre. Il manque aussi un peu de rythme, lent et trop de longueurs amènent irrémédiablement à l'ennui surtout quand le côté contemplatif est inexistant. Et pourtant quel dommage, un cinéaste souvent inspiré, un joli casting avec en prime une Hong Chau surprenante et un budget de près de 90 millions de dollars, ce qui en fait le film le plus cher de Alexander Payne. Pour finir, un petit bémol pour les effets spéciaux, les écrans verts sont tout de même peu discrets, en 2017 c'est triste. En conclusion, un film au potentiel énorme mais qui fait pshittt. La première grande déception de l'année même si certains passages restent réussis et qu'il y a assez de qualités à y réfléchir deux secondes...

 

Note :                  

10/20

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