La Vache et le Prisonnier (1959) de Henri Verneuil.
Après "Le Grand Chef" (1958) le réalisateur Henri Verneuil et son acteur Fernandel se retrouvent pour leur 8ème et dernier film. Le projet, une adaptation de "Histoire Vraie" (1945) de Jacques Antoine, a failli revenir au cinéaste Claude Autant-Lara avec Bourvil avant que Verneuil ne soit finalement choisi. Verneuil co-écrit le scénario avec Henri Jeanson et Jean Manse, ce dernier étant déjà sur "Le Grand Chef" et dont la filmo comporte une grande partie de films avec Fernandel en tête d'affiche. On suit donc Charles Bailly, prisonnier de guerre dans une ferme allemande, qui décide de s'échapper en trainant une vache comme laisser-passer.
Le film offre un duo inédit, Fernandel et la vache Marguerite. Cette dernière a été choisie par Verneuil lui-même après l'audition de 600 vaches ! Le cinéaste alla même jusqu'à éviter l'abattoir pour Marguerite en lui arrangeant une retraite auprès d'un fermier normand. Si le contexte est évidemment tragique, le périple de ce soldat est traité comme une fable où l'homme et l'animal se lient presque d'amitié. L'idée même de prendre une vache pour jouer le commis agricole est assez géniale et permet de faire se succéder les rencontres oscillant entre logique et absurde, entre la bonhommie de Fernandel, les dialogues de Jeanson et la mise en scène simple mais proche du "couple". En prime plusieurs séquences d'anthologie comme la visite aux "tire-au-flanc" du stalag ou, surtout, la traversée du pont garni de soldats allemands au garde-à-vous.
Par contre, le film est sans doute un peu trop long (10 de moins n'aurait pas été une mauvaise chose), notamment la partie finale dans le train aurait mérité d'être écourtée. Le film est empreint d'un réelle mélancolie, on sent pourtant que le but est de rester dans un ton léger et que le film est sans doute voulu comme une comédie. Sur ce point il manque un humour plus franc. Néanmoins, ce road-movie d'un nouveau genre est la quintessence du bon et beau film populaire. Avec ses près de 9 millions de spectateurs au box-office, ce film est le plus gros succès 1959 et ses rediffusions télé restent des succès réguliers. Le film est également connu pour être le premier film français colorisé (en 1990), mais on peut dire que c'est une erreur. D'abord parce que cette colorisation n'est pas une grande réussite et ensuite le Noir et Blanc ajoute un charme évident au film.
Note :