L'Attaque de la Malle-Poste (1951) de Henry Hathaway.
Premier grand western pour Henry Hathaway, qui a déjà signé quelques chefs d'oeuvres dont "Peter Ibbetson" (1935) et "Le Carrefour de la Mort" (1947) et qui signera encore de grands films comme "Niagara" (1953), "Le Jardin du Diable" (1954) et "100 Dollars pour un Shérif" (1969)... Pour ce film, il a eu la chance d'avoir au scénario un des grands noms de l'époque, Dudley Nichols auquel on doit "Le Mouchard" (1935) et "La Chevauchée Fantastique" (1939) de John Ford ainsi que "L'Impossible Monsieur Bébé" (1938) et "La Captive aux Yeux Clairs" (1952) de Howard Hawks.
Le titre en V.O. "Rawhide" (soit coup de fouet !), les deux rôles principaux sont dévolus à deux grandes stars, Tyrone Power qui tourne là le 4ème des 5 films avec Hathaway, puis la sublime rousse Susan Hayward qui tourne elle son 1er des 3 films avec Hathaway. Les deux acteurs se retrouveront une seule fois pourtant, ce sera dans "Tant que Soufflera la Tempête" (1955) de Henry King. Les méchants sont interprétés par des "gueules" connues des seconds rôles américains, dont un certain Jack Elam dont sa gueule à l’œil de verre reste inénarrable. Ce western reprend un canevas assez connu, soit une prise d'otage en attendant une diligence afin de la braquer. Il y a donc deux paramètres essentiels, celui de temps (l'attente) et de lieu (huis-clos). L'attente des bandits pousse à la tension au sein du gang, le huis-clos accentue cette sensation à cause d'une promiscuité évidente. Hathaway instaure un climax tendu, avec un décor minimaliste, un relais au milieu d'un désert. Le suspense n'est pas de savoir si les héros vont s'en sortir mais comment le gang va terminer. Les interactions et les relations entre les quatre bandits restent particulièrement intéressants. En effet, outre l'un d'eux (Jack Elam dans son premier rôle remarqué de psychopathe) les trois autres ne sont pas des bêtes et méchants mais des hommes plus nuancés et inattendus que d'habitude pour le genre.

Par là même, le duo star joue des personnages presque inédits, l'homme (Power) étant quasi un apprenti qui reste dans les limites d'un courage "à hauteur d'homme", tandis que la femme (Hayward) est une femme forte au tempérament impétueux. Outre un récit évolutif classique mais particulièrement prenant, on notera quelques scènes marquantes dont une avec une fillette qui reste audacieuse vis à vis de la censure de l'époque. Un western solide et maitrisé rythmé par la chanson traditionnelle "Oh ! Susanna !", qui mérite qu'on s'y attarde. A voir et à conseiller.
Note :